AccueilInfosOn en parle

24 juin 2010.

Veolia continuera de gérer l’eau d’Île-de-France

Ce n’est pas une surprise. On savait depuis plusieurs semaines (...)

Ce n’est pas une surprise. On savait depuis plusieurs semaines que le contrat de délégation de service public des 144 communes d’Île-de-France n’échapperait pas au groupe privé Veolia Environnement qui le détient depuis 1923. Les autres prétendants, notamment Suez Environnement, ayant été écartés préalablement, c’est avec une large majorité que les élus du SEDIF, le Syndicat des eaux d’Île-de-France, ont donné leur feu vert pour douze ans à la signature d’un contrat de plus de 3,5 milliards d’euros. Pour l’obtenir, Veolia aura dû tout de même accepter une baisse de ses tarifs.

Quelque quatre millions d’usagers sont actuellement reliés à ce qui est sans aucun doute, en Europe, le plus important réseau de distribution d’eau géré par une société privée (un million de mètres cubes distribués chaque jour). Et la bataille pour la reconduction du contrat aura été relativement rude, d’une part entre partisans du statu quo et ceux d’un retour des services de l’eau en régie publique, d’autre part entre les différents candidats à l’attribution du contrat, parmi lesquels le groupe Saur, Derichebourg allié à l’allemand Remondis, et Suez Environnement.

Le SEDIF a justifié son choix par le fait que Veolia garantissait une baisse du prix de l’eau. Jusqu’ici, le prix global de l’eau au mètre cube se situait à un peu plus de 4 euros, variant de 3,20 à 5,50 euros selon les différents services communaux de traitement des eaux usées. Lorsque le nouveau contrat entrera en vigueur au début 2011, le prix moyen de l’eau pour une facture de 120 mètres cubes devrait passer (sans les taxes et ni les charges d’assainissement) de 1,75 à 1,51 euro, soit une baisse de 14%.

Le contrat prévoit également la création d’une société dédiée pour gérer la délégation, le déploiement en cinq ans d’un système de relevé des compteurs à distance, une enveloppe de 2,5 millions d’euros consacrée aux ménages en difficultés et une tarification progressive en fonction du volume d’eau consommé.

Des communes et des ONG font de la résistance

Neuf communes du département de Seine-Saint-Denis, représentant quelque 400’000 habitants, ont collectivement suspendu leur participation au SEDIF et se réservent le droit de gérer leur eau d’une manière différente. Elles ont jusqu’au mois de septembre pour prendre une décision définitive.

Une coalition de plusieurs ONG militant pour le retour de la gestion de l’eau dans le service public a par ailleurs manifesté son opposition à ce contrat passé avec Veolia, dénonçant des "surfacturations" que cette société aurait pratiquées par le passé et réclamant le remboursement aux usagers des montants qui auraient été "indûment" perçus.

Veolia a également emporté le marché de l’eau d’Île-de-France malgré un récent rapport de la Chambre régionale des comptes qui lui reprochait des irrégularités dans sa gestion, l’une portant sur les conditions de réalisation des travaux d’entretien du réseau et l’autre sur une certaine opacité des comptes de la société.

Pour mémoire, le marché de l’eau en France est dominé par trois grands groupes - Lyonnaise des Eaux (filiale de Suez Environnement), Compagnie générale des eaux (devenue Veolia Eau) et Saur - qui se partagent l’essentiel des appels d’offre lancés par les collectivités locales. Pour mémoire aussi : depuis cette année, la totalité de la chaîne d’alimentation en eau de la Ville de Paris est à nouveau en mains publiques. (bw et agences)

> Site du Syndicat des Eaux d’Île-de-France (SEDIF)




Infos complémentaires

:: "Des solutions inédites"

Dans une interview au journal Le Monde, Antoine Frérot, directeur général de Veolia Environnement, explique avoir fait appel aux chercheurs de son groupe pour proposer des solutions inédites. Trois exemples.

 "Nous créons un service d’eau "zéro carbone", utilisant un minimum d’énergie fossile. Traiter et distribuer l’eau consomme de l’énergie, environ un kilowattheure par mètre cube. Nous ferons appel à la biomasse et à des panneaux solaires. Il y aura aussi une première mondiale en matière de traçabilité de l’eau : ce réseau sera équipé, dans les cinq ans, de 400 capteurs pour détecter rapidement toute anomalie ou pollution. Le prix de ces appareils, produits par notre filiale suisse, est passé de 15 000 à 1 000 euros l’unité.

 Chez les abonnés, les compteurs seront dotés d’une tête électronique, alimentée par pile, permettant les relevés à distance et mesurant les consommations journalières, pour un pilotage fin du réseau. Cette technologie intelligente, déjà testée à Metz et Paris, permet de détecter les fuites. A l’avenir, elle pourrait autoriser de faire varier le prix selon les pointes de consommation et inciter les abonnés à un usage plus raisonné, par exemple à arroser la nuit.

 Le service sera, en outre, piloté depuis un centre unique de surveillance des usines et du réseau pour une meilleure réactivité Enfin, au plan social, 1 % de nos recettes (environ 2,5 millions d’euros) sera consacré à aider les familles dans l’incapacité de payer leur facture."

(Source : Le Monde,
25 juin 2010)

Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


Contact Lettre d'information