Quelque quatre millions d’usagers sont actuellement reliés à ce qui est sans aucun doute, en Europe, le plus important réseau de distribution d’eau géré par une société privée (un million de mètres cubes distribués chaque jour). Et la bataille pour la reconduction du contrat aura été relativement rude, d’une part entre partisans du statu quo et ceux d’un retour des services de l’eau en régie publique, d’autre part entre les différents candidats à l’attribution du contrat, parmi lesquels le groupe Saur, Derichebourg allié à l’allemand Remondis, et Suez Environnement.
Le SEDIF a justifié son choix par le fait que Veolia garantissait une baisse du prix de l’eau. Jusqu’ici, le prix global de l’eau au mètre cube se situait à un peu plus de 4 euros, variant de 3,20 à 5,50 euros selon les différents services communaux de traitement des eaux usées. Lorsque le nouveau contrat entrera en vigueur au début 2011, le prix moyen de l’eau pour une facture de 120 mètres cubes devrait passer (sans les taxes et ni les charges d’assainissement) de 1,75 à 1,51 euro, soit une baisse de 14%.
Le contrat prévoit également la création d’une société dédiée pour gérer la délégation, le déploiement en cinq ans d’un système de relevé des compteurs à distance, une enveloppe de 2,5 millions d’euros consacrée aux ménages en difficultés et une tarification progressive en fonction du volume d’eau consommé.
Des communes et des ONG font de la résistance
Neuf communes du département de Seine-Saint-Denis, représentant quelque 400’000 habitants, ont collectivement suspendu leur participation au SEDIF et se réservent le droit de gérer leur eau d’une manière différente. Elles ont jusqu’au mois de septembre pour prendre une décision définitive.
Une coalition de plusieurs ONG militant pour le retour de la gestion de l’eau dans le service public a par ailleurs manifesté son opposition à ce contrat passé avec Veolia, dénonçant des "surfacturations" que cette société aurait pratiquées par le passé et réclamant le remboursement aux usagers des montants qui auraient été "indûment" perçus.
Veolia a également emporté le marché de l’eau d’Île-de-France malgré un récent rapport de la Chambre régionale des comptes qui lui reprochait des irrégularités dans sa gestion, l’une portant sur les conditions de réalisation des travaux d’entretien du réseau et l’autre sur une certaine opacité des comptes de la société.
Pour mémoire, le marché de l’eau en France est dominé par trois grands groupes - Lyonnaise des Eaux (filiale de Suez Environnement), Compagnie générale des eaux (devenue Veolia Eau) et Saur - qui se partagent l’essentiel des appels d’offre lancés par les collectivités locales. Pour mémoire aussi : depuis cette année, la totalité de la chaîne d’alimentation en eau de la Ville de Paris est à nouveau en mains publiques. (bw et agences)