Maude Barlow décrit trois scénarios qui, selon elle, se combinent pour mener l’humanité à la catastrophe :
– le déclin des approvisionnements : “notre planète est sur le point de manquer d’eau douce”
– l’accès inéquitable : “chaque jour, il y a de plus en plus de gens qui n’ont pas accès à l’eau”
– la mainmise du secteur privé : “un puissant cartel de l’eau s’apprête à mettre la main sur tous les aspects de cette ressource”.
Mais, dit-elle aussi, il est encore temps de faire face. A condition que l’on s’entende sur « un pacte mondial de l’eau » s’articulant autour de trois engagements correspondant aux trois crises annoncées, à savoir :
– la préservation des systèmes hydriques de la planète, ce qui devrait se traduire, entre autres, par la restauration des bassins hydrographiques, la protection des sources, le réapprovisionnement des réserves, l’interdiction de toute pollution des eaux de surface et souterraines ;
– une distribution équitable de l’eau, ce qui ne sera possible que si l’on met en œuvre, entre les pays du Nord qui ont de l’eau et des ressources, et ceux du Sud qui en sont privés, des pratiques solidaires garantissant un accès équitable à l’eau et le contrôle local des ressources hydriques ;
– une gestion démocratique de l’eau qui doit être considérée comme un bien commun soumis à une gestion publique : “la création d’un cartel mondial de l’eau est inacceptable sur les plans éthique, environnemental et social, parce qu’elle fait reposer les décisions relatives à la distribution de l’eau sur des intérêts commerciaux et non sur des préoccupations d’ordre environnemental ou social ”.
Ce Pacte devrait également servir de pierre angulaire à une convention sur le droit à l’eau à inscrire à la fois dans les constitutions nationales et dans la législation onusienne. Mais Maude Barlow, comme d’autres défenseurs du droit à l’eau, craint “que les sociétés d’eau, les pays du Nord et la Banque mondiale ne récupèrent ce processus et ne s’en servent pour concocter une convention incluant le secteur privé”. A la société civile, et à ce qu’elle appelle ‘le mouvement mondial pour la justice en matière d’eau’, de prendre les devants. La tâche à accomplir est claire : “faire reconnaître l’eau en tant que patrimoine commun de la Terre et de ses habitants, à la partager judicieusement et à la gérer de manière viable pour assurer notre survie”. (bw)
Maude Barlow
Vers un pacte de l’eau
Éditions ecosociété
Montréal, 2009, 240 pages
(titre original anglais paru en 2007)
AU SOMMAIRE :
- Où donc est passée toute l’eau ?
- La mainmise des sociétés privées sur les services d’eau
- Les chasseurs d’eau à l’affût
- La résistance s’intensifie
- L’avenir
- L’eau du Canada est-elle à vendre ?