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22 mars 2022.

Rendre visible l’invisible

Journée mondiale de l’eau 2022 - DOSSIER (6)
Les recommandations des experts de l’ONU

« La préservation de la santé humaine, la réduction de la pauvreté et l’égalité des genres reposent en partie sur une meilleure gestion des eaux souterraines. C’est pourquoi l’accroissement des connaissances et le développement
des moyens actuels ne suffisent pas ; pour protéger les aquifères, il nous faudra aussi innover en développant de nouveaux procédés techniques, en réformant nos institutions et notre droit, en nous dotant de nouveaux modes de financement, et en
faisant évoluer les comportements. »

     Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO.
(Extrait de l’avant-propos, Rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau)

La Journée mondiale de l’eau est depuis quelques années l’occasion pour ONU-Eau (l’institution qui dans le domaine de l’eau et de l’assainissement sert de plateforme commune aux diverses agences des Nations Unies) de publier un rapport mondial sur la mise en valeur des ressources aquatiques. Ce rapport, édité par l’UNESCO, fournit un aperçu des principales tendances concernant l’état, l’utilisation et la gestion des ressources en eau. Il fournit aux décideurs des connaissances et des outils leur permettant d’élaborer et de mettre en œuvre des politiques de gestion durable et propose des exemples des meilleures pratiques en la matière. On trouvera ci-dessous le résumé de trois des principales recommandations que le rapport 2022 avance sur le thème des eaux souterraines. [1]

Renforcer les connaissances et
combler le manque de données

Ce nouveau Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau met le doigt sur le manque d’informations et de connaissances solides dans le domaine des eaux souterraines. L’acquisition de ce genre de données relève généralement de la responsabilité des institutions nationales et locales chargées de gérer les eaux souterraines nationales, mais elle pourrait être utilement complétée par le secteur privé.

Les industries pétrolière, gazière et minière possèdent déjà en effet une grande quantité de données, d’informations et de connaissances sur la composition des profondeurs du sous-sol, y compris les aquifères. Du fait de leur responsabilité sociale, les entreprises privées sont donc vivement encouragées à partager leur savoir avec les professionnels du secteur public.

Renforcer les réglementations environnementales

En dépit de leur relative abondance, les eaux souterraines restent menacées par la surexploitation et la pollution : ces dommages causés à la nature par des activités humaines peuvent avoir des effets dévastateurs et irréversibles sur cette ressource et sur sa disponibilité.

La prévention des contaminations des nappes souterraines passe nécessairement par une utilisation respectueuse des sols et par des réglementations efficaces en matière de protection de l’environnement, en particulier dans les zones de recharge des aquifères. Mais comment faire appliquer de telles lois et poursuivre en justice les pollueurs lorsqu’il s’agit d’atteintes à une ressource invisible ? Reste que par bien des aspects, les eaux souterraines constituent tout de même un bien commun : il est par conséquent impératif que les gouvernements assument leur rôle de gardiens des ressources souterraines pour en garantir l’accès, pour que les bénéfices qui en découlent soient équitablement répartis et pour qu’elles restent disponibles aux futures générations.

Renforcer les ressources humaines,
matérielles et financières

Dans de nombreux pays, les autorités et les institutions locales et nationales manquent généralement de professionnels experts en hydrogéologie, mais aussi de soutiens matériels et de financements suffisants. Le rapport note que contrairement aux eaux de surface, pour lesquelles les coûts d’investissement sont généralement assumés par le secteur public, les infrastructures d’exploitation des nappes souterraines sont généralement financées par l’utilisateur final (notamment dans l’agriculture et l’industrie).

Les gouvernements devraient toutefois comprendre qu’ils ont aussi un rôle à jouer dans la promotion de la durabilité des ressources en eau souterraine et que les budgets publics devraient au minimum financer leur surveillance. Ils pourraient aussi par exemple favoriser l’investissement privé en finançant les premiers projets d’exploration et de gestion, et ne devraient en aucun cas subventionner des activités qui participent à l’épuisement ou à la pollution des eaux souterraines. (Source : WWDR 2022)

Les autres articles de ce dossier :

 Les eaux souterraines : gros plan sur une ressource invisible
 Deux ou trois choses qu’il faut savoir sur les eaux souterraines en Suisse
 Trois exemples d’eaux souterraines en Suisse romande
 Petit glossaire des eaux souterraines
 Eaux souterraines, un monde à découvrir (en images)




Notes

[1Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau. « Eaux souterraines : rendre visible l’invisible ». Publié par le Programme mondial pour l’évaluation des ressources en eau de l’UNESCO. Paris, 2022.
Ce rapport est disponible sur le site de l’UNESCO sous trois formats :
le rapport complet (270 pp.),
un résumé (12 pp.)
faits et chiffres (8 pp).

Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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