Dans cette région, la sécheresse dure six à sept mois, de décembre à mai, pendant lesquels les puits domestiques comme les cours d’eau tarissent tandis que les journées s’égrènent dans une chaleur accablante. La demande en eau domestique est donc très élevée mais les forages disponibles sont loin d’être partout fonctionnels.
L’école primaire publique, elle, ne dispose d’aucune source d’alimentation en eau potable : ni puits à grand diamètre, ni forage, ni fontaine. À ses quelque 170 élèves, garçons et filles, répartis dans six classes, l’école n’a qu’un seau de 50 litres à leur proposer. Au moment de la récréation, les élèves n’hésitent pas à faire le porte-à-porte, de maison en maison tout autour de l’école, pour quémander de l’eau à boire.
La solution préconisée jusqu’ici par les enseignants, c’est de veiller à ce que chaque élève, pour étancher sa soif, apporte de la maison une petite bouteille d’eau en plastique. C’est mieux que rien, mais c’est nettement insuffisant. De plus, on peut douter de la bonne qualité de l’eau ainsi manipulée par de petites mains non expertes.
Le directeur de l’école, Moïse Djogbénou, ne cache pas ses inquiétudes quant aux risques sanitaires et aux problèmes de sécurité qu’encourent ses écoliers. Seul un forage pourrait fournir une solution durable, garantir une meilleure surveillance des élèves et apporter une eau de bonne qualité aux ménages voisins.
Cela permettrait également de faire du maraîchage et d’initier un verger dont les produits amélioreraient les repas servis à la cantine scolaire. L’école possède des latrines bien entretenues mais, sans eau, cela limite fortement leur bon usage.
Mais où trouver le million et demi de francs CFA (2000 euros) pour réaliser ce forage ? Les parents d’élèves d’Igbola, en majorité de petits paysans ou conducteurs de taxi-moto au maigre revenu, sont incapables de faire face à une telle dépense. L’État, avec le concours de plusieurs ONG, fait ce qu’il peut pour doter les écoles primaires des forages et des latrines qui font défaut à bon nombre d’entre elles. Moïse Djogbénou veut croire en la bonne volonté et la générosité des uns et des autres.
Texte et photos :
Bernard Capo-Chichi,
Porto-Novo, Bénin