Marseille hébergera le Forum mondial de l’eau 2012
Après Marrakech, La Haye, Kyoto, Mexico et Istanbul, c’est la (...)
Après Marrakech, La Haye, Kyoto, Mexico et Istanbul, c’est la ville de Marseille qui accueillera dans trois ans la sixième édition du Forum mondial de l’eau. La décision a été prise à Madrid lors d’une assemblée des gouverneurs du Conseil mondial de l’eau. Au Ministère français de l’Écologie comme à la Mairie de Marseille, où ce choix est évidemment très applaudi, on souhaite que ce 6e Forum « s’inscrive dans la continuité de ses prédécesseurs et permette d’aller encore plus loin en faveur de l’accès à l’eau ».
Au final, après le désistement de Vancouver (Canada), il ne restait plus que deux candidatures : Durban (Afrique du Sud) et Marseille. Le choix de la seconde n’a rien de surprenant quand on sait que le Conseil mondial y a son siège et que son président – Loïc Fauchon – est également PDG du Groupe des Eaux de Marseille, contrôlé à parts égales par deux géants français des services de l’eau, Veolia Eau et la Lyonnaise des Eaux.
Pour écarter toute équivoque, le communiqué publié à Madrid précise d’une part que « la sélection a suivi un processus rigoureux d’évaluation des candidats suivi par un vote final de la part des Gouverneurs du Conseil » et, d’autre part, que « l’Afrique du sud et la France sont tout deux convenus de travailler en partenariat pour préparer le prochain Forum ».
Toujours selon la même source, Paris s’est engagée à faire de ce Forum 2012 le "Forum des solutions" en capitalisant « les innombrables succès que compte la France dans le domaine de l’environnement ». Dans un communiqué commun du Ministère de l’Écologie et de la Ville de Marseille, cité par le journal ‘La Provence’, le choix de la cité phocéenne « concrétise l’originalité d’une candidature qui met l’accent sur une nouvelle gouvernance autour du modèle du Grenelle de l’environnement, ainsi que sur la thématique du droit d’accès à l’eau et à l’assainissement ».
Organisé tous les trois ans, le Forum mondial de l’eau repose de fait sur une collaboration étroite entre son principal initiateur, à savoir le Conseil mondial de l’eau (plate-forme multilatérale créée en 1996 à l’initiative des organisations internationales et des spécialistes du secteur de l’eau) et le gouvernement du pays hôte.
En mars dernier, le 5e Forum mondial de l’eau avait réuni à Istanbul quelque 20’000 participants provenant de 182 pays. Les gouverneurs du Conseil mondial de l’eau se sont engagés à en assurer un suivi sérieux de manière à alimenter les préparatifs du Forum de Marseille. Un accent particulier devrait être mis sur des consultations avec les acteurs au niveau régional et sous-régional pour assurer que des solutions concrètes soient proposées. (bw)
Un choix qui amène plus de questions que de réponses
Avec le choix de Marseille comme prochaine ville-étape, le Forum mondial de l’eau plante son drapeau dans l’un des fiefs les plus emblématiques des marchands français des services d’eaux dont le principal souci, si ce n’est le seul, est de tirer le profit maximum d’un bien commun universel. Il ne pouvait donner signal plus clair de ses intentions et de ses priorités.
Faisant d’une pierre deux coups, le Conseil mondial de l’eau, qui a siège à Marseille, peut, avec une générosité d’âme qui ne lui coûte pas cher, remercier ainsi la ville phocéenne de son fidèle soutien politique et financier et rajouter une ligne bleue à la carte de visite d’une municipalité qui s’enorgueillit déjà, pour 2013, du titre de capitale européenne de la culture.
Par son choix, le Conseil mondial de l’eau balaie également d’un revers de main certaines des objections émises depuis quelque temps déjà quant à la légitimité de « son » Forum mondial de l’eau. Ses gouverneurs signifient en tout cas leur refus d’entrer en matière sur la demande entendue ici et là de placer ce forum sous l’égide des Nations Unies et d’en faire un espace « ouvert, transparent et démocratique » plutôt qu’une foire commerciale.
Sur ce thème, le Conseil mondial de l’eau n’est d’ailleurs pas à l’abri des questions dérangeantes. Un quotidien marseillais, la « Tribune du Sud », a récemment publié une série d’articles qui interrogent à la fois sur le manque de transparence comptable de l’organisation qui pourtant bénéficie de subventions municipales et sur sa perméabilité aux sociétés multinationales.
Durban et l’Afrique du Sud restent donc en rade. Pourtant il y aurait eu grand sens et fort symbole à se rendre dans cette Afrique subsaharienne dont chacun sait que c’est dans cette partie du monde que se posent les plus gros problèmes humains d’accès aux ressources en eau et à l’assainissement. Ils perdent vraiment de leur crédibilité, tous les généreux discours égrenés à Istanbul sur l’accès à l’eau et ceux que l’on entendra sur le même thème au pays du pastis.
Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.
« Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")