DOSSIER. Après Strasbourg, Montpellier et Nanterre, c’est Lyon et son Université, les 5 et 6 septembre 2019, qui ont hébergé la quatrième édition des Doctoriales en sciences sociales de l’eau. Dans ce domaine particulier de la recherche scientifique caractérisé par une diversité d’approches et de sujets d’études, ce rendez-vous quasi annuel et francophone s’est donné pour double ambition de dresser un panorama de thèses récentes ou actuellement en préparation et de mettre en relation doctorant-e-s et chercheur-e-s expérimenté-e-s dans un cadre qui stimule l’interdisciplinarité.
Un mot-clef : diversité
C’est l’École normale supérieure de Lyon qui a servi de cadre à ces 4e Doctoriales organisées avec la collaboration de plusieurs organismes de recherche [1]. Pendant deux jours, une quarantaine de doctorants et doctorantes ont eu l’opportunité de se dire et de présenter à un panel de directeurs de recherche les sujets de thèse sur lesquels ils travaillent. Ils avaient le choix pour cela entre des communications orales d’un quart d’heure, des modules "3 images et 180 secondes" ou des posters scientifiques. Un mot résume bien l’ensemble de leurs démarches : diversité.
– Diversité des lieux de recherche. La plupart des doctorant-e-s, venant d’horizons géographiques francophones, travaillent actuellement dans des laboratoires (au sens de structures académiques servant de cadre de travail à la recherche scientifique) situés aux quatre coins de la France, de l’Aquitaine au Grand-Est en passant par Lille, Paris, Lyon, Montpellier et autres espaces universitaires. Si autant de jeunes doctorant-e-s ont répondu présent à ce type de rencontres, c’est de toute évidence parce qu’ils souhaitent le décloisonnement de leurs unités de recherche. À cela s’ajoute la pluralité des terrains d’étude qui, loin de se limiter à l’espace français, témoignent de situations qui font problème sur d’autres continents.
– Diversité des disciplines. Ces Doctoriales ont réuni des chercheur-e-s représentant une grande palette de disciplines en sciences humaines ou sociales : économie, droit, sociologie, psychologie, anthropologie, sciences politiques, gestion, géographie, histoire, histoire de l’art, archéologie, philosophie. L’interdisciplinarité était manifestement au rendez-vous.
– Diversité des thèmes de recherche. Ceux-ci ont été regroupés en huit chapitres correspondant à autant d’ateliers parallèles : les inégalités et les innovations dans l’accès à l’eau – les paysages et les imaginaires de l’eau – le défi de la restauration écologique des milieux aquatiques - l’accès, la gestion et la protection des littoraux – la régulation des conflits d’usage de l’eau – la surveillance de la qualité des milieux aquatiques – la gestion du manque d’eau dans les territoires en situation de changement global – la gestion des eaux urbaines. Autant de thèmes qui sont d’une très grande actualité et sur lesquels le grand public est aujourd’hui régulièrement informé.
Reste à l’issue de ces journées un certain nombre de questionnements qui continueront de nourrir la réflexion des participants, entre autres : comment "faire parler" les résultats précis et mesurables des recherches techniques en mobilisant les approches qualitatives et "perceptives" des sciences sociales ? [2] Comment communiquer hors du cadre académique sur des sujets de recherche qui portent en eux une part indéniable d’incertitudes ? Peut-on tirer des conclusions plus générales d’un cas d’étude particulier et très localisé ? Comment prendre mieux en compte les savoirs, les attentes et les perceptions des acteurs directement concernés par la gestion des milieux aquatiques ? Et quand on parle de renaturation de ces écosystèmes, à quel "état de nature" doit-on faire référence ?
Bernard Weissbrodt
Photos : © UMR 56000–EVS/Thierry Egger