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12 mars 2012.

“Gérer l’eau dans des conditions d’incertitude et de risque”

Du fait des changements climatiques qui modifient les (...)

Du fait des changements climatiques qui modifient les écosystèmes et de l’augmentation spectaculaire de la demande en eau pour tous ses principaux usages, les ressources hydriques de la planète vont être soumises à une pression croissante et devenir moins disponibles. C’est le diagnostic que pose le 4e Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau, rendu public à Marseille à l’ouverture du Forum mondial de l’eau 2012.

Le Programme mondial pour l’évaluation des ressources en eau (WWAP) hébergé par l’UNESCO a pris l’habitude, tous les trois ans, de profiter de l’organisation du Forum mondial de l’eau, pour faire le point sur les questions qui se posent en matière de mise en valeur des ressources en eau. Son 4e rapport prévoit que l’eau douce disponible se raréfie dans de nombreuses régions du fait de sa demande croissante et de l’impact des changements climatiques. Il en résultera des disparités économiques entre certains pays et en leur sein même. Et ce sont les pauvres qui risquent d’en supporter le plus lourd fardeau.

Le rapport identifie quatre sources principales de la demande en eau : l’agriculture (qui à elle seule en utilise en moyenne les 70 %), la production d’énergie, les usages industriels et la consommation humaine. Si ses auteurs ont fait le choix de considérer la réalité de l’eau à travers le prisme du risque et de l’incertitude, c’est parce que la plupart des indicateurs, dans ces différents secteurs, affichent des tendances à la hausse en raison de la croissance de la démographie (en particulier dans les villes), de la demande alimentaire, de la consommation d’énergies dont la production a toujours besoin d’eau (pour extraire les matières premières, refroidir les usines thermiques, alimenter des turbines hydroélectriques, etc.) et des besoins industriels.

Questions sur l’avenir de l’approvisionnement en eau

Mettant le doigt sur le changement climatique planétaire, le rapport estime qu’il affectera la quantité des ressources en eau disponibles du fait de la modification de la répartition des précipitations, de l’humidité des sols, de la fonte des glaciers et du débit des rivières et des eaux souterraines. Ce changement devrait exacerber les stress actuels et futurs qui pèsent sur les ressources en eau du fait de la croissance démographique et de l’utilisation des terres, ainsi que la fréquence et la gravité des sécheresses et des inondations.

Les eaux souterraines sont cruciales pour la sécurité alimentaire : elles fournissent près de la moitié de toute l’eau potable dans le monde. Au cours des 50 dernières années, le taux de prélèvement mondial des eaux souterraines a pour le moins triplé, ce qui a contribué au développement rural et à la survie des populations humaines vivant dans des zones sèches. Mais nombre d’aquifères peuvent finir par s’épuiser si leur utilisation n’est pas bien gérée. Ici et là, il est avéré que la disponibilité des ressources en eau souterraine non renouvelable a atteint des limites critiques.

S’agissant des glaciers, leur diminution, à court terme, fait grossir les rivières et accroît localement l’approvisionnement en eau. Mais, sur le plus long terme, la quantité d’eau qu’ils fournissent diminuera également.

La disponibilité de l’eau est aussi une affaire de qualité. Une eau polluée ne peut pas être utilisée pour la boisson, la baignade, les usages industriels ou l’agriculture. Elle nuit à la santé humaine et dégrade les services des écosystèmes. On estime qu’à l’échelle mondiale, plus de 80 % des eaux usées ne sont pas collectées ou traitées. Et cela a un coût sanitaire et économique évident.

L’eau est au cœur de toutes les solutions

Même prises isolément, les crises financières, alimentaires, énergétiques et climatiques sont des problèmes graves. Mais leurs effets combinés pourraient être catastrophiques. C’est que l’eau sous‐tend tous les aspects du développement : elle est le seul vecteur commun à tous les domaines de l’activité humaine, elle seule permet de traiter conjointement les crises mondiales majeures. Promouvoir une cause plutôt qu’une autre - par exemple la sécurité alimentaire plutôt que la sécurité énergétique - ne peut mener qu’à l’échec.

Le défi repose sur la capacité de mener des stratégies qui intègrent ces interconnexions et prennent en compte, en les arbitrant, les intérêts des uns et des autres. Et comme il est peu vraisemblable que la demande croissante en eau puisse être satisfaite uniquement par des solutions centrées sur l’offre, cela signifie qu’il faut donc apprendre à mieux gérer cette demande tout en cherchant à équilibrer et à maximiser les divers bénéfices de l’eau. (Source : Programme mondial pour l’évaluation des ressources en eau - WWAP)


 En savoir plus sur le site du WWAP




Infos complémentaires

:: Reconnaître
le rôle central de l’eau
et sa dimension
internationale

"D’un point de vue personnel, familial ou social, accéder à l’eau est essentiel au bien-être de l’homme. L’eau joue par ailleurs un rôle crucial d’un point de vue économique : elle conditionne le bon fonctionnement des systèmes naturels environnementaux et écologiques. Nombreux sont les secteurs économiques à prétendre aux ressources d’eau épuisables. L’eau est la seule clé permettant de résoudre l’ensemble des principales crises internationales (alimentaires, énergétiques, sanitaires, changements climatiques ou économiques). Des compromis explicites devront être trouvés afin que l’eau puisse être exploitée à des fins permettant de tirer des profits maximums dans un grand nombre de secteurs de développement. Il s’agit là d’un défi majeur, difficile et complexe à mettre réellement en oeuvre.

La protection des ressources en eau, l’optimisation de leur utilisation à travers ces activités et la garantie d’une distribution équitable des bénéfices issus des activités faisant une utilisation intensive de l’eau devraient être au centre des politiques publiques et des règlementations. Et cela vaut à tous les niveaux de la gestion de l’eau : local, régional, central et bassins fluviaux. Sans une approche stratégique de ces questions de distribution, la gestion de l’eau se verrait fragmentée et mettrait à mal la disponibilité et la viabilité futures des ressources, risquant alors de réduire la stabilité économique et sociale en deçà de certains niveaux accessibles."

(Extrait des messages-clés du Rapport)

Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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