La fracturation hydraulique, utilisée pour l’extraction de gaz et d’hydrocarbures emprisonnés à de grandes profondeurs, consiste à injecter des millions de litres d’eau, sous de très fortes pressions, pour ouvrir une à une les couches rocheuses compactes et imperméables.
Le rapport de l’organisation Ceres – Hydraulic Fracturing and Water Stress : Water Demand by the Numbers (fracturation hydraulique et stress hydrique : les chiffres de la demande en eau) – se base sur les données de consommation d’eau de 39’294 puits de pétrole et de gaz entre janvier 2011 et mai 2013. Il montre que près de la moitié de ces forages ont été faits dans des régions qui connaissent déjà des situations de stress hydrique. Entendez par là, selon les définitions données par le World Resources Institute (WRI), des zones où 80 % des eaux de surface et des eaux souterraines sont déjà utilisées par des services publics et par les secteurs agricoles et industriels.
Selon Mindy Lubber, président de l’organisation, "la fracturation hydraulique accroît les pressions de la concurrence autour de l’eau dans plusieurs des régions du pays touchées par la pénurie et la sécheresse (…) À moins de sévères réglementations sur l’utilisation de l’eau et l’amélioration des pratiques sur le terrain, les besoins en eau de l’industrie dans de nombreuses régions vont entrer en concurrence avec d’autres usages de l’eau, en particulier l’agriculture et la gestion de l’eau municipale. Les investisseurs et les banques qui fournissent des capitaux pour la fracturation hydraulique devraient être attentifs à ces risques d’approvisionnement en eau et faire pression sur les compagnies pétrolières et gazières pour qu’elles révisent leurs stratégies."
Le Colorado, la Californie et le Texas sont plus particulièrement montrés du doigt , mais les mêmes tendances à la surexploitation des ressources en eau ont été relevées dans les États du Nouveau-Mexique, de l’Utah et du Wyoming. Et même si l’utilisation de l’eau pour la fracturation hydraulique est souvent inférieure à 2 % de la demande, ses impacts peuvent se révéler très importants au niveau local, voire dépasser le volume des utilisations de tous les habitants d’un comté par exemple.
Dans ses recommandations adressées aux investisseurs et aux sociétés de forages, Ceres appelle d’abord à plus de transparence sur les quantités et les sources d’eau utilisées dans chaque cas, sur les besoins futurs d’approvisionnement en eau et sur les plans de réduction de consommation, sur les volumes d’eaux récupérées en surface et sur leur qualité. Mais aussi à une meilleure protection des ressources d’eau locales et à une plus grande concertation avec tous leurs utilisateurs. (Source : Ceres)