En quelques décennies, le Lac Tchad, jadis considéré comme une véritable mer intérieure au cœur du continent africain, a quasiment perdu les 90 % de sa taille, passant de 25’000 km2 en 1960 à une superficie estimée aujourd’hui entre 8’000 et 2’500 km2 (Lire : Le Lac Tchad, il y a 6’000 ans, un méga-lac - aqueduc.info, avril 2006).
En cause non seulement le réchauffement climatique, la chute de la pluviométrie, la sécheresse et l’avancée du désert, mais aussi la surexploitation de l’écosystème pour l’irrigation et pour l’approvisionnement en eau de ses 30 millions de riverains répartis sur quatre pays : Cameroun, Niger, Nigeria et Tchad. Certains experts pensent que le lac pourrait disparaître totalement d’ici une vingtaine d’années si aucune action d’envergure n’est engagée.
Les participants du forum de N’Djamena ont adopté par consensus une série de propositions dont la première consiste à inscrire le Lac Tchad au patrimoine de l’humanité. "Si on y arrive, commente Emile Malet, délégué général du forum, cité par l’AFP, cela permettra de réparer une injustice, et le lac Tchad sera respecté avec des droits et des devoirs pour l’ensemble des pays riverains".
Les autres propositions portent sur l’alimentation en eau du lac (mais le détournement des cours d’eau exige la prise en compte de nombreux paramètres et des études préalables de faisabilité technique), la mutualisation et la coordination des recherches, et la création d’une autorité chargée de prévenir d’éventuels conflits entre les populations riveraines et les nombreux migrants éleveurs et pêcheurs. La région connaît en effet une forte croissance démographique qui entraîne des déséquilibres entre population et ressources naturelles.
Reste cependant que les analyses des causes de l’assèchement du Lac Tchad et les réponses à leur apporter sont loin de faire l’unanimité. Certains chercheurs, tel le géographe français Géraud Magrin, interrogé par l’hebdomadaire ’Jeune Afrique’, affirment qu’il n’y a plus d’assèchement du lac depuis une trentaine d’années et que "le lac est stable, à un niveau de petit lac qu’il a déjà eu par le passé". À les entendre, il s’agirait d’un phénomène cyclique et il n’y aurait donc pas lieu de s’en alarmer outre mesure.
Débat il y a également autour d’un projet de canal, long de quelque 1’350 kilomètres, qui détournerait une partie des eaux de l’Oubangui (dans le bassin du Congo) vers le Chari qui alimente le lac Tchad. Concocté au sein de la Commission du bassin du lac Tchad et fermement appuyé par le gouvernement tchadien, ce projet annoncé comme la seule et unique réponse possible est parfois jugé comme pharaonique et peine à trouver des appuis financiers. D’autres solutions sont toutefois discutées, notamment le reboisement et le renforcement de l’agriculture pluviale et de l’agriculture de décrue. (Source : agences)
Liens utiles
– Site du Forum Mondial du DD pour sauver le lac Tchad
– Site de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT)
– Lire aussi : Lacs africains en péril
(aqueduc.info, novembre 2005)