Au lendemain des forum mondiaux de l’eau à Marseille, l’officiel et l’alternatif, et à la veille de la traditionnelle Journée mondiale de l’eau du 22 mars, l’UFC-Que Choisir a rendu publique une analyse "préoccupante" de la qualité de l’eau du robinet distribuée en France. 97,5% des Français ont certes accès en permanence à une eau de qualité satisfaisante, mais près de deux millions de consommateurs paient pour une eau non conforme aux critères règlementaires. La faute au cocktail de polluants d’origine agricole.
Si le recours aux pesticides n’a pas diminué durant les dix dernières années, lit-on dans la prise de position de l’association, il faut en chercher l’explication dans l’inversion du principe pollueur-payeur : ce sont les consommateurs qui, via la redevance pollution, s’acquittent de l’essentiel des suppléments de factures générés par les mauvaises pratiques agricoles.
L’UFC-Que Choisir dit ne plus pouvoir tolérer le recours à des mesures palliatives où l’eau polluée est diluée avec de l’eau conforme, ni encourager la fuite en avant consistant à percer toujours plus de captages. Elle demande aux pouvoirs une protection efficace de tous les captages, une application adéquate du principe constitutionnel pollueur-payeur et une aide agricole qui privilégie les modes de production des cultures intégrées et biologiques.
"Opération transparence"
Le même jour, le magazine 60 Millions de consommateurs, associé à la Fondation France Libertés, tirait le bilan d’une année de campagne placée sous le label de la transparence des prix de l’eau. Une campagne qui a permis à plus de 9’000 personnes de s’inscrire sur un site internet ad hoc pour partager leurs factures de consommation d’eau, dont la lecture attentive a débouché sur toute une série de leçons :
– très denses, parfois incompréhensibles pour ne pas dire illisibles, ces factures ne permettent pas au consommateur de vérifier s’il a payé le juste prix ;
– les tarifs varient énormément d’une commune à une autre, pouvant varier du simple au triple ;
– compte tenu de la part fixe de la facture d’eau liée à l’abonnement, "moins on consomme, plus c’est cher au litre" (ce qui se vérifie tout particulièrement dans les résidences secondaires) ;
– de nombreux foyers peinent à régler leurs factures et certaines situations sont ressenties par les usagers comme de véritables injustices ;
– les locataires d’habitats collectifs sont souvent privés des informations qui leur permettraient de connaître le montant exact de leurs dépenses en eau.
En conséquence de quoi, 60 Millions de consommateurs et la Fondation France Libertés demandent entre autres l’instauration de factures plus compréhensibles et de tarifs plus équitables, comprenant l’instauration d’un tarif social et la généralisation d’une véritable progressivité des tarifs, et une transparence effective des performances des services de l’eau.
Dans le même temps, le Médiateur de l’eau, mis en place en 2009 par les entreprises françaises de l’eau pour proposer un règlement amiable des litiges, faisait savoir dans son rapport annuel que l’année 2011 avait été marquée par une forte augmentation du nombre de dossiers instruits. (bw)
– En savoir plus sur les sites de UFC-Que Choisir,
de l’enquête Prix de l’eau
et de la Médiation de l’eau