Le mot clepsydre - d’un mot grec signifiant littéralement "voleur d’eau" - désignait à l’origine une sorte de louche fermée servant à puiser des liquides dans des jarres.
D’origine babylonienne
On en trouve une première mention comme moyen de mesure du temps dans une tablette babylonienne du 18e siècle avant Jésus-Christ. Mais le premier témoignage archéologique important remonte à la découverte, en 1904 dans le temple d’Amon à Karnak, d’une clepsydre du 14e siècle av.J.C.
Ayant la forme d’un vase conique orné de graduations horaires liés aux mois de l’année égyptienne, elle permettait de calculer les heures de la nuit et constitue la première référence connue d’un système basé sur un débit constant d’un liquide.
On sait aussi que la clepsydre a mesuré le temps en Chine bien avant l’ère chrétienne. Son usage est également bien attesté en Grèce, dans l’Empire romain et en Gaule.
Au service de la justice
C’est dans les tribunaux que le rôle de la clepsydre semble avoir été des plus significatifs. Elle permettait de calculer le temps de parole accordé aux parties et d’assurer l’équité dans la durée des plaidoiries.
"On arrêtait la clepsydre pendant les dépositions des témoins ou la lecture des décrets, note Nicole Bosshart. Les orateurs chevronnés pouvaient calculer leur temps de parole restant en observant la courbe et la force du jet de l’eau."
"Hydrochronomètres" en tous genres
Au fil des siècles, le besoin se fit sentir d’utiliser la clepsydre non seulement pour mesurer la durée de certaines activités, mais aussi d’en faire une véritable horloge à eau dotée d’un système mécanique.
Il faudrait alors parler du simple modèle imaginé par Ctésibios, savant originaire d’Alexandrie au 3e siècle av.J.C., des divers chefs-d’œuvre construits par des experts arabes (dont une clepsydre offerte en 807 à Charlemagne par le Calife Haroun al-Rachid), et de la plus complexe des horloges hydromécaniques réalisées par le Chinois Su Song en 1094, toutes agrémentées d’originalités techniques ou artistiques. Ou encore de l’"idrocronometro" (détail ci-contre) inventé en 1867 par un religieux dominicain italien, le Père Giambattista Embriaco, et qui fait partie de la collection du Musée international d’horlogerie de La Chaux-de-Fonds.