Les previsions à long terme sont claires et sinistres, peut-on lire dans le rapport ‘Reaching Tipping Point ? Climate Change and Poverty in Tajikistan’ (Au bord du gouffre ? Le changement climatique et la pauvreté au Tadjikistan). L’impact des changements climatiques s’est brusquement fait sentir dans les régions agricoles du pays. Certes, de bonnes pluies ont l’an dernier apporté quelque soulagement aux communautés rurales qui avaient souffert de trois années consécutives de sécheresse et de l’un des plus rudes hivers de mémoire d’homme.
“Il est indiscutable que les glaciers du Tadjikistan sont en recul, explique Andy Baker, directeur d’Oxfam dans ce pays. Indiscutable aussi que s’ils continuent de reculer et que le pays doit faire face à des événements météorologiques de plus en plus extrêmes, un nombre incalculable de personnes vont être durement éprouvées. Un million et demi de gens souffrent déjà de précarité alimentaire et ce nombre ira croissant si les changements climatiques s’aggravent. Cela pourrait même avoir de graves répercussions dans toute l’Asie centrale où différents pays pourraient, au cours des prochaines décennies, entrer en conflit pour le contrôle des ressources en eau qui diminuent.”
Même si, à court terme, on enregistre de forts débits dans les cours d’eau en raison de la fonte des glaces, il semble évident que de sérieuses menaces pèsent à plus ou moins long terme sur la disponibilité de cette ressource. Selon le plan national de lutte contre le réchauffement climatique, le Tadjikistan “aura besoin de davantage d’eau, en particulier pour l’irrigation, en raison de la montée des températures et de l’évaporation plus forte. Les besoins en eau d’irrigation pour les cultures de base augmenteront de 20 à 30 % par rapport aux conditions climatiques actuelles.”
– Lien vers ce rapport sur le site de Oxfam International
N.B. Par ailleurs, il faut rappeler que la richesse hydraulique reste le principal, pour ne pas dire le seul atout économique du Tadjikistan (et du Kirghizstan voisin). Une baisse des débits d’eau aurait bien évidemment des impacts négatifs sur le rendement des équipements hydro-électriques qui assurent la presque totalité de l’approvisionnement énergétique du pays alors même que ce potentiel reste sous-exploité. Mais la construction de nouveaux barrages, associée à la baisse de régime des cours d’eau, se ferait alors lourdement sentir dans les pays d’aval avec lesquels le Tadjikistan est déjà en conflit latent depuis l’effondrement de l’empire soviétique et qui, comme l’Ouzbékistan, ont également besoin d’eau pour leurs cultures intensives, entre autres, de coton.
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