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30 janvier 2014.

France : pour les plus démunis, l’accès à l’eau reste problématique

À l’approche des élections municipales françaises, l’association (...)

À l’approche des élections municipales françaises, l’association Médecins du Monde a mené enquête dans 14 villes, dont 11 en métropole, pour tenter de dresser un état des lieux des actions menées et des obstacles locaux dans le domaine sanitaire et social. On y voit, entre autres, que l’accès à l’eau et à l’hygiène des populations précaires n’est de loin pas encore une priorité de santé publique. De quoi rappeler aux élus leur responsabilité dans la lutte contre les inégalités sociales et territoriales de santé.

Médecins du Monde (MdM) rappelle tout d’abord qu’en France, 99 % de la population est desservie par un réseau d’alimentation en eau potable et 90 % par un réseau ou un système d’assainissement aux normes. Et que la question posée par son enquête concerne essentiellement les personnes sans domicile fixe, privées de logement ou vivant dans un habitat insalubre (squats, cabanes, bidonvilles, etc.).

Selon une enquête menée en 2012 par l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques), on estime la population des personnes sans domicile à 81 000 adultes accompagnés de 30 000 enfants. Et même si la loi française a renforcé le principe de la solidarité des communes dans les domaines de l’alimentation en eau et de l’assainissement, elle ne prévoit aucune disposition qui garantisse effectivement l’accès à l’eau pour les personnes dépourvues de logement.

En 2012, le Ministère de l’écologie et du développement durable, en partenariat avec l’Association des maires de France, a publié un guide de bonnes pratiques pour favoriser l’accès à l’eau et à l’assainissement pour les plus démunis : réouverture des fontaines publiques, installation de points d’eau, maintien de l’accès à l’eau dans les squats, ouverture de bains douches, installation de toilettes publiques, etc.

Un bain-douche municipal pour 15 000 ménages pauvres

De l’enquête de Médecins du Monde, on retiendra entre autres les quelques faits et chiffres suivants :

 Toutes les villes métropolitaines où MdM a mené enquête disposent de points d’accès à l’eau gratuits mais il existe de fortes disparités dans l’accès effectif à l’eau des populations précaires.
 Dans la plupart des villes, les fontaines sont situées dans des parcs qui ferment la nuit, elles sont parfois hors circuit en hiver pour éviter les dommages du gel et trop peu nombreuses en période de forte chaleur.
 Le nombre des bains-douches gratuits est jugé largement insuffisant et semble même dérisoire si l’on ne prend en compte que les établissements strictement municipaux : il ressort de l’enquête menée dans les 11 villes métropolitaines qu’un bain-douche municipal couvre en moyenne plus de 15’000 ménages pauvres. Leur accès n’est pas toujours inconditionnel : à Nice une pièce d’identité est demandée et à St-Denis seuls sont admis les sans-abris suivis par certaines associations.
 À Paris, près d’un million de personnes fréquente, chaque année, l’un des 18 bains-douches municipaux gratuits et sans condition d’accueil. Cette population est constituée de deux-tiers de sans-abris et d’un tiers de personnes mal logées (étudiants, retraités et travailleurs pauvres).
 À Marseille, où la majorité des fontaines publiques est hors-service, il n’existe que des bains douches associatifs, qui plus est en nombre très insuffisant.
 À Calais, un seul point d’eau, avec quatre robinets sans évacuation, est mis à disposition des migrants sur le lieu de distribution alimentaire : il n’est ouvert qu’à des horaires restreints et est aussi utilisé chaque jour pour l’hygiène de 300 à 400 personnes. (Source : MdM)

(*) Médecins du Monde a mené enquête dans 11 villes de métropole : Calais, Grenoble, Lyon, Marseille, Nantes, Nice, Paris, Rouen, Saint-Denis, Strasbourg et Toulouse, ainsi qu’à Saint-Denis de la Réunion, dans la commune de Koungou à Mayotte et celles de l’Île de Cayenne.


 En savoir plus sur le site de Médecins du Monde



Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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