Selon ce rapport qui dresse le portrait des services publics d’eau et d’assainissement et de leur performance à partir des données de 2011, l’amélioration des rendements des réseaux constitue un enjeu tant pour limiter la sollicitation, et préserver, les milieux aquatiques que pour minimiser les charges de prélèvement et de potabilisation de volumes d’eau qui ne seront pas consommés.
Parmi les causes des fuites, nombreuses et variées, le rapport note la corrosion interne et externe des canalisations, le vieillissement des joints d’étanchéité entre les canalisations, les évolutions et mouvements des sols (phénomènes naturels, passage fréquent d’engins roulants, etc.), la déstabilisation des terrains lors de travaux, terrassements, remblaiements, etc.
Les meilleurs rendements de réseaux ont lieu au sein des collectivités les plus importantes : cela n’est pas dû au hasard, note le rapport, car les plus grands services se sont attelés plus tôt que les services plus modestes à une meilleure connaissance de leurs réseaux. Toutefois les volumes perdus par fuite dans les grands services représentent de très grandes quantités d’eau comparés à ceux perdus dans les petits services ruraux.
On notera aussi que les services situés au Nord et à l’Ouest de la France ainsi qu’en Ile-de-France et sur l’extrême Sud-Est enregistrent des rendements de réseaux supérieurs à la moyenne nationale, alors que ceux de l’Est et du Sud semblent être moins performants.
Le rapport estime que 60% des réseaux ont actuellement moins de 40 ans et que leur taux moyen de renouvellement serait de 0,55%, ce qui correspondrait à une fréquence de renouvellement du réseau théorique de 180 ans. Ce chiffre, qui masque des disparités de situations très importantes, est sujet à de multiples interprétations et peu significatif à l’échelon national.
Le rapport juge "irréaliste" l’atteinte d’un rendement à 100%, mais estime qu’un grand nombre de collectivités distributrices peuvent viser un objectif de l’ordre de 80 à 90%. Cela passe "par des investigations et/ou moyens supplémentaires en termes d’acquisition de la connaissance, de recherches de fuites et de réparations et/ou renouvellement des conduites, ce qui ne sera pas neutre financièrement et affectera nécessairement le prix de l’eau".
Dans une interview publiée le 19 novembre par le journal "Les Échos", Philippe Maillard, président de la Fédération professionnelle des entreprises françaises de l’eau, estimait qu’il y a une véritable urgence à renouveler le réseau d’eau et qu’une forte action de relance dans ce secteur serait bénéfique à l’emploi : "selon les estimations des Canalisateurs de France, doubler le taux actuel de renouvellement du réseau d’eau potable, long de 900’000 kilomètres, pour le porter de 0,6 % à 1,2 % par an pourrait générer plusieurs milliers d’emplois dans les travaux publics", ce qui aurait aussi "une utilité sociale et environnementale incontestable". (Source : eaufrance)
– Rapport 2014 de l’Observatoire des services publics d’eau et d’assainissement