Le Parlement valaisan a décidé à la quasi unanimité d’accorder à la société MBR SA une concession pour la construction dans le Chablais d’un barrage hydroélectrique au fil du Rhône. Avant d’être mis à l’enquête publique pour obtenir une autorisation de construire, ce projet a encore besoin du feu vert du Canton de Vaud qui est lui aussi riverain du périmètre de ce futur aménagement. Dans le meilleur des cas, la réalisation de ce barrage pourrait débuter en 2022 avec une mise en service agendée pour 2025.
L’idée de mettre en valeur la déclivité du Rhône jusqu’au Léman pour produire de l’électricité remonte aux années 1980. À l’époque, la société Hydro-Rhône SA avait imaginé pouvoir construire dix barrages au fil du fleuve entre Chippis et le Bouveret. Il ne reste aujourd’hui de ce vaste programme qualifié parfois de pharaonique que le projet d’un seul et unique "palier" situé à la hauteur de Massongex (Valais) et de Bex (Vaud), légèrement en aval du défilé de Saint-Maurice. Cet endroit, selon les experts, présente les conditions de réalisation les plus favorables. En 2008, les Forces Motrices Valaisannes (FMV), la société Romande Energie et les Services industriels de Lausanne ont alors décidé de soutenir ce projet en partenariat et de le coordonner avec celui de la 3e correction du Rhône.
Compte tenu de la situation hydrographique de ce palier Massongex-Bex-Rhône (MBR), il sera possible d’utiliser une seconde fois l’eau déjà turbinée dans les grands aménagements hydroélectriques valaisans et rejetée ensuite dans le Rhône. Le turbinage de l’eau de ce barrage au fil de l’eau se faisant surtout durant l’hiver, c’est durant cette saison-là qu’il devrait produire environ 40% de son énergie. Son potentiel de production annuelle est estimé à quelque 80 millions de kilowattheures, soit la consommation annuelle d’électricité d’environ 20’000 ménages. On évalue à quelque 158 millions de francs suisses l’investissement total nécessaire à sa réalisation.
Au moment de la demande d’octroi de la concession en 2016, plusieurs associations écologistes avaient émis des avis négatifs et pointé du doigt par exemple le problème du charriage des graviers qui arrivent dans le delta du Rhône. Mais, de leur côté, les promoteurs du barrage ont prévu différents aménagements pour minimiser ses impacts négatifs, entre autres des mesures de reconstitution et de compensation sous forme de renaturations et de corridors biologiques ainsi que la création d’une passe à poissons. (Sources : État du Valais, MBR SA)
– En savoir plus sur le site du projet MBR.
– Lire aussi : L’exploitation hydroélectrique du Rhône, une histoire valaisanne méconnue, aqueduc.info, 6 décembre 2019.