6 kilomètres, c’est, dans de nombreux endroits de par le monde, la distance moyenne que des femmes et des enfants doivent parcourir chaque jour pour se procurer de l’eau potable. Il n’est pas vain de rappeler, comme l’a fait un récent rapport conjoint de l’OMS et de l’UNICEF - voir l’article aqueduc.info : Progrès dans l’accès à l’eau potable, apathie dans l’assainissement - que pas loin d’un milliard de personnes n’ont pas accès à de l’eau propre et potable et que le manque d’infrastructures pour l’acheminement et la distribution d’eau cause chaque jour la mort de près de 5’000 enfants victimes des maladies diarrhéiques dues à des eaux insalubres.
Dans les pays en développement, dont ceux de l’Afrique subsaharienne, l’eau n’arrive à domicile que pour seulement 16 % de la population. A Amman, capitale du Royaume de Jordanie, l’eau du robinet ne coule qu’une fois par semaine. A l’échelle de la planète, près de la moitié de l’humanité ne connaît pas le confort d’ouvrir un robinet et de voir couler de l’eau potable. Dans l’Afrique sahélienne en particulier, les femmes doivent, tous les jours, aller à pied chercher l’eau au puits, ce qui peut leur prendre plusieurs heures. Il en découle une lourde contrainte sur leurs conditions de vie, sur les possibilités de développement humain et sur la quantité d’eau disponible pour les usages domestiques. La lutte contre la pauvreté et pour le développement implique ainsi un meilleur accès à une eau de qualité pour tous.
La photo, sa légende et la notice ci-dessus sont extraites de l'exposition "L'eau, une ressource vitale" de la fondation GoodPlanet / Yann Arthus-Bertrand (voir la référence ci-dessous)
Les organisateurs des marches du 18 avril font remarquer que l’eau fait aussi problème dans des pays développés : à Los Angeles comme à Sydney par exemple, l’eau est désormais rationnée et coûte de plus en plus cher à la population. Les changements climatiques aggravent ces situations de par leur impact sur la quantité et la qualité de l’eau : les régimes de pluies se modifient, les écosystèmes sont perturbés, les effets de la pollution se font visiblement sentir.
Le Programme des Nations Unies pour l’environnement, qui a son siège européen sur la commune genevoise de Vernier, là précisément où était organisée l’une des trois marches suisses, a soutenu cette initiative : « Elle a un rapport direct avec tous les objectifs de l’Organisation des Nations Unies, explique Gaetano Leone, sous-directeur pour l’Europe du PNUE : amélioration de la santé maternelle et infantile et allongement de l’espérance de vie, autonomisation des femmes, sécurité alimentaire, développement durable, atténuation des changements climatiques et adaptation à ces changements. »
Amnesty proteste contre le sponsoring de Dow
Dans un communiqué publié le 16 avril, Amnesty International s’est insurgée contre la tentative de Dow Chemical (Dow) de laver son image en sponsorisant ces courses pour l’eau. Cette entreprise américaine, dit l’organisation de défense des droits de l’homme, n’est autre que celle qui a refusé d’assumer toute responsabilité après la catastrophe industrielle de Bhopal, survenue sur le site de sa filiale Union Carbide Corporation (UCC) en 1984, qui a entraîné la mort de près de 25’000 personnes. Vingt-cinq ans après l’explosion, le site est toujours contaminé et des dizaines de milliers de personnes boivent quotidiennement de l’eau empoisonnée.
La Section suisse d’Amnesty International a demandé aux communes organisatrices de ces courses en Suisse et aux partenaires concernés de condamner clairement l’attitude de Dow et d’exiger que l’entreprise assume enfin ses responsabilités. (bw)
Pour en savoir plus :
– Le site ‘Live Earth Run for Water’
– Informations sur la marche pour l’eau de Vernier (GE)
– Informations sur la marche pour l’eau de Yverdon-les-Bains (VD)
– Informations sur la marche pour l’eau de Brienz(BE)
– Références et article aqueduc.info sur l’exposition "L’eau, une ressource vitale" de la fondation GoodPlanet / Yann Arthus-Bertrand