La Bande de Gaza compte aujourd’hui un peu plus de 1,6 million d’habitants. Ils seront un demi-million de plus en 2020 et les experts estiment que d’ici là leur demande annuelle en eau augmentera de 60 % et dépassera les 250 millions de mètres cubes. Où iront-ils la chercher, eux qui déjà ne peuvent en consommer guère plus de 70 à 90 litres d’eau par personne et par jour ?
Par manque de cours d’eau permanents en surface, faute aussi de pluies suffisantes, l’approvisionnement de ce territoire repose presque entièrement sur un aquifère proche du littoral, partiellement alimenté par des précipitations et des ruissellements provenant des collines d’Hébron situées à l’est. Un aquifère qui ne se recharge qu’à raison d’une cinquantaine de mètres cubes par an.
Par ailleurs, 90 % de l’eau de cet aquifère n’est potable que si elle est traitée. D’abord parce que la baisse de niveau de la nappe phréatique entraîne d’importantes infiltrations d’eau salée. Mais aussi parce que d’énormes quantités d’eaux usées sont reversées dans la mer (un demi-million de Gazaouis ne sont pas raccordés aux réseaux d’égouts), à quoi s’ajoutent les nitrates issus d’engrais agricoles lessivés par les systèmes d’irrigation. Le rapport onusien estime que sans mesures correctives immédiates, les dommages infligés à l’aquifère côtier seront irréversibles.
Alors que de précédentes études estimaient qu’à Gaza un quart des maladies trouvaient leur origine dans la mauvaise qualité de l’eau, cette contamination de l’aquifère par les nitrates représente un danger supplémentaire pour les nourrissons et pour les femmes enceintes. L’eau des réseaux municipaux étant polluée, nombre de familles n’ont d’autre choix que d’acheter de l’eau dessalée quand elles en ont les moyens financiers ou alors de s’approvisionner dans des puits qui n’offrent aucune garantie d’eau salubre.
L’ONU recommande de cesser immédiatement les pompages dans l’aquifère qui aura besoin de plusieurs décennies pour se recharger. Pour sa part, et à court terme, l’Autorité palestinienne recommande de n’utiliser de l’eau de mer dessalée qu’en faible quantité et, en particulier pour l’irrigation agricole, de recourir plutôt à des eaux usées traitées. Mais là aussi, la situation est plus que problématique, puisqu’aujourd’hui les stations d’épuration ne peuvent traiter qu’un quart seulement des eaux usées, le reste étant rejeté à la mer.
Les solutions sont connues : il faudrait d’une part installer des usines de dessalement d’eau de mer avec, pour objectif, de produire au moins 100 millions de mètres cubes d’eau par an avant 2020 ; d’autre part, pour faire face à la demande actuelle et future, il faudrait accélérer le programme, déjà en cours, de rénovations et de constructions de stations d’épuration, mais aussi réhabiliter les réseaux de distribution et d’assainissement, et y raccorder les écoles et les centres de santé.
Ce rapport onusien n’avance cependant aucune estimation de ce que tout cela pourrait coûter, ni des moyens d’en garantir le financement, ni du cadre politique, économique et social indispensable à la mise en oeuvre des différents projets. Tout juste conclut-il que "pour que la Bande de Gaza soit en 2020 "un lieu agréable à vivre", il faudra que les Palestiniens et leurs partenaires accélèrent et intensifient les efforts herculéens qu’ils déploient déjà face aux difficultés de secteurs comme l’énergie, l’éducation, la santé, l’eau et l’assainissement. Il est essentiel également que les habitants de Gaza soient en mesure d’exercer et de jouir de l’ensemble de leurs droits humains fondamentaux." (Source : IRIN, service d’information du Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies)
– "Gaza in 2020 - A liveable place ?" , A report by the United Nations Country Team in the occupied Palestinian territory, August 2012. Ce document (en anglais) peut être téléchargé sur le site ReliefWeb
– Voir aussi, dans aqueduc.info : Menaces sur les ressources en eau de la Bande de Gaza, 14 sept 2009