Les marais ne couvrent que 0,5 % du territoire national, mais ils abritent environ un quart des espèces végétales menacées en Suisse. Grâce à l’initiative dite de Rothenthurm, approuvée en votation populaire le 6 décembre 1987, il a été possible de renforcer considérablement la protection des marais et des biotopes de Suisse.
Aujourd’hui, les marais et les sites marécageux d’importance nationale sont inscrits dans des inventaires fédéraux et quelque 90% d’entre eux sont protégés par le droit cantonal. Leur protection a permis de limiter le recul de leur surface à 1% sur une période d’observation de cinq ans.
Mais, dans le même temps, la qualité des marais protégés s’est en revanche largement détériorée. Cela s’explique par plusieurs facteurs :
- les systèmes de drainage installés il y a plusieurs dizaines d’années continuent d’influencer négativement les conditions de vie dans les marais
- l’infiltration d’engrais provenant de prairies et de pâturages voisins exploités intensivement entraînent une dégradation des marais
- les bas-marais en friche qui ne sont plus exploités par l’agriculture et les hauts-marais qui s’assèchent peuvent s’embroussailler rapidement et se transformer en forêts
- lorsque les marais s’assèchent, l’air pénètre dans le sol et la tourbe se décompose, ce qui libère du dioxyde de carbone, principal gaz à effet de serre.
La nécessaire collaboration des agriculteurs
Pour remédier à l’assèchement et à l’embrousaillement, l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) entend mettre l’accent sur la régénération des marais : en cessant de les drainer, en comblant les anciens fossés et en bouchant les conduites, on peut rétablir le régime initial des eaux. Le processus de régénération peut durer plusieurs dizaines d’années, mais le suivi a prouvé qu’il permet aux hauts-marais de recommencer à croître.
On peut citer en exemple le site de l’Étang de la Gruère (Canton du Jura). La tourbe y a été exploitée jusqu’en 1943 à des fins de chauffage. Le haut-marais s’est asséché et les épicéas constituaient une menace grandissante pour la végétation typique. Dans les années 80, un projet de régénération a permis de combler les galeries de drainage aménagées pour l’exploitation de la tourbe. Cette mesure est maintenant efficace : les épicéas, qui n’apprécient pas le sous-sol humide, meurent et la végétation typique reprend possession de son habitat initial.
La collaboration avec les milieux agricoles est essentielle pour résoudre le problème des apports en substances nutritives dans les marais - surtout les bas-marais. Ces apports peuvent en effet être éliminés efficacement par la délimitation de zones-tampon suffisamment larges. (Source : communiqués OFEV)