La première de ces initiatives populaires lancées en 2018 a pour titre : « Pour une eau potable propre et une alimentation saine – Pas de subventions pour l’utilisation de pesticides et l’utilisation d’antibiotiques à titre prophylactique ». Elle demande que les subventions agricoles ne soient accordées qu’aux exploitations qui n’utilisent ni pesticides ni antibiotiques à titre prophylactique. La seconde milite "Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse" et vise à interdire l’utilisation de ce type de pesticides dans la production agricole, dans la transformation des produits agricoles et dans l’entretien des sols et des paysages.
L’an dernier, Agroscope avait déjà publié une étude sur l’initiative pour une eau potable propre et s’était tout particulièrement intéressé à ses impacts économiques et structurels potentiels. Il avait bâti son analyse sur pas moins de 18 scénarios qui tenaient compte des incertitudes concernant les pertes de rendement de la production végétale, des fluctuations de prix et de la réaffectation des ressources financières ainsi libérées.
Les chercheurs avaient conclu de leurs analyses que, si cette initiative était acceptée, ce sont principalement les exploitations de transformation, les exploitations de cultures spéciales et les exploitations intensives qui devraient renoncer aux prestations écologiques requises (PER) [2], que 70 à 92 % des terres arables ouvertes pourraient être exploitées et que le degré d’autosuffisance alimentaire diminuerait. Cela aurait également une influence sur les revenus agricoles en cas de modification des prix des produits.
Impacts environnementaux jugés ambigus
La seconde étude que vient de publier Agroscope reprend les mêmes 18 scénarios et en examine les impacts potentiels sur l’environnement. Dans leur analyse du cycle de vie de la production agricole, les chercheurs ont pris en compte les étapes situées en amont, comme la production d’engrais, de pesticides ou de machines, ainsi que les changements dans l’affectation des terres et les pratiques de production, de même que l’impact éventuel en termes de volumes d’importation et d’exportation. Ils se sont également servis d’un ‘panier d’achats de matières premières agricoles’ composé de produits indigènes et de produits importés. Mais comme l’initiative s’intéresse prioritairement aux impacts sur les ressources en eau, l’étude d’Agroscope ne traite pas des possibles conséquences de son acceptation en matière de santé humaine ou de politique commerciale par exemple.
Dans leurs conclusions, les chercheurs notent que les mesures proposées par cette initiative pour une eau potable propre sont certes à même de réduire la pollution des eaux par les pesticides et les éléments nutritifs ainsi que d’y améliorer légèrement la biodiversité. Mais au final la pollution environnementale s’en trouverait accentuée en raison de l’augmentation des importations de denrées alimentaires, en particulier des importations de viande. Autrement dit, l’amélioration de la qualité de l’eau en Suisse se ferait au détriment d’impacts sur l’environnement négatifs et parfois importants dans les pays d’origine des importations. (Source : Agroscope)