En 1993, le professeur Allan a fait une percée majeure dans la façon de démontrer que l’on consomme aussi de l’eau à travers d’autres produits de consommation, alimentaires ou non. Il a pour cela fait appel à la notion d’ « eau virtuelle », et proposé de mesurer la quantité d’eau impliquée dans différents processus de fabrication de nourriture et d’autres produits.
Prenons l’exemple d’une tasse de café : en amont, il aura fallu quelque 140 litres pour faire pousser, produire, emballer et acheminer les grains de café. Ce qui équivaut grosso modo gros à la quantité d’eau utilisée par un Européen moyen pour ses besoins quotidiens en eau potable et en eaux de ménage. Un citoyen américain consomme en moyenne plus de 6’000 litres d’eau virtuelle chaque jour, soit en moyenne plus de trois fois plus que le citoyen chinois.
Cette forme de calcul a déjà eu un impact majeur sur la politique commerciale mondiale ainsi que sur la recherche sur l’eau, de même qu’elle a remodelé le discours sur la politique et la gestion de l’eau. Les biens dont la production consomme beaucoup d’eau peuvent ainsi être vendus par les pays qui ont suffisamment de ressources en eau et qui sont capables d’en faire une utilisation rentable, à des pays qui n’ont ni autant de ressources ni autant de capacités. L’application de ce concept d’eau virtuelle n’est donc pas sans conséquences sur l’équilibre global et la gestion durable des ressources mondiales en eau. (Source : Stockholm Water Foundation)