Intitulée "À l’écoute" et publiée à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, cette nouvelle publication du WSSCC se présente à la fois comme une critique de la communauté internationale incapable d’apporter une réponse efficace au problème sanitaire numéro un de la planète et comme un appel à un changement radical dans la manière d’aborder les problèmes du manque d’accès à l’eau et à l’assainissement.
Après une introduction générale d’une douzaine de pages, ce rapport, qui veut justifier son titre, offre une tribune à quelque 40 professionnels d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique qui ont travaillé toute leur vie dans les domaines de l’eau et de l’assainissement et qui sont donc supposés connaître parfaitement les problèmes du terrain.
"Un vice de conception fatal"
L’échec est patent : "malgré des décennies d’efforts et des milliards de dollars engloutis, 2,4 milliards d’individus restent privés d’accès à un assainissement adéquat (…) des milliards de dollars ont été investis dans l’eau et l’assainissement - pratiquement en pure perte. De l’Inde à la Bolivie et du Kenya au Népal, on peut trouver les traces d’anciens programmes aujourd’hui disparus, et qui n’ont jamais produit qu’une infime partie des bienfaits escomptés".
Comment expliquer ces décennies de désillusions ? Pour le WSSCC, c’est principalement parce qu’on a essayé de "livrer des solutions toutes faites depuis l’extérieur - habituellement sous la forme d’installation de matériel - à des populations qui ne participent pas au processus et ne se l’approprient pas".
Il y aurait donc, au point de départ, une sorte de "vice de conception fatal" et il ne sert donc à rien de continuer sur cette voie : "augmenter les fonds disponibles pour de nouvelles infrastructures d’envergure orientées sur la livraison de solutions toutes faites ne sera pas d’une grande utilité si l’on ne repense pas comment et pour qui l’on doit dépenser ces fonds".
En d’autres mots, le nœud du problème, ce n’est pas la disponibilité des moyens, mais "la volonté de ceux qui allouent ces ressources de tirer les enseignements à la fois des échecs passés et des réussites actuelles".
Faire entendre et écouter les voix du terrain
Selon Jan Pronk, président du WSSCC, l’ABC de la nouvelle approche proposée par son organisation consiste "à écouter, et dans la mesure du possible à amplifier, les témoignages de ceux qui ont ressenti la frustration de l’échec, de ceux qui ont pris part aux premières réussites, et de ceux qui ont vécu les deux et appris de l’un comme de l’autre"
Ce faisant, c’est-à-dire en privilégiant les besoins des populations et favorisant la bonne gouvernance des autorités locales et des institutions, on devrait éviter, selon le WSSCC, "que des milliards de dollars supplémentaires soient gaspillés au nom du développement".
D’une part, cette nouvelle approche induit de nouvelles pratiques : il ne s’agit plus de quémander ici et là des solutions clés en main, mais de favoriser la participation active des populations locales et des organisations qu’elles ont elles-mêmes mises en route.
D’autre part, il faudra également évaluer différemment les résultats : les progrès ne se mesurent pas en nombre de robinets et de latrines par habitant, mais par les changements d’usages et de comportements et par l’amélioration de la santé. (bw)