AccueilInfosOn en parle

10 décembre 2013.

"Les Français sont inégaux face aux prix de l’eau"

Selon une étude menée par la Confédération générale du logement (...)

Selon une étude menée par la Confédération générale du logement (CGL) – l’une des associations françaises de défense des consommateurs – il existe des écarts de prix importants entre les départements et à l’intérieur même des départements. Elle a passé sous la loupe 6328 communes dans 95 départements métropolitains et 5 départements d’outre-mer et noté 460 tarifs différents. Et estime donc qu’une ample réforme s’impose dans ce domaine.

"Notre première surprise, dans cette recherche, explique la CGL dans la note introductive de son étude, a été fournie par les réticences rencontrées pour obtenir la communication des prix et en particulier la faiblesse du nombre de réponses obtenues par rapport aux envois. Puis l’extrême diversité des prix pratiqués a constitué notre seconde surprise. Nous savions que les prix étaient variés mais l’ampleur des écarts nous a beaucoup interpelés. Enfin, la diversité et la complexité des tarifications ont achevé de nous convaincre que nous n’étions pas dans un système juste et équitable."

Selon les résultats de l’étude menée par la CGL, la moyenne du m³ d’eau en France est de 4,15 € dans les communes qui incluent l’assainissement dans leurs tarifs (3451) et de 2,06 € pour celles qui ne le prennent pas en compte (2877). Mais cette moyenne est trompeuse, comme le révèlent les constats suivants :

 Il existe un très large éventail de prix lorsqu’on compare les moyennes départementales : dans le Tarn-et-Garonne, par exemple, la moyenne du m3 d’eau est de 5,72 euros contre 2,92 euros dans la Haute-Vienne, c’est-à-dire une variation du simple au double.
 Cet éventail est encore plus large lorsqu’on compare les médianes départementales : l’écart est presque du simple au triple entre les communes prises en compte dans les Vosges.
 Certains écarts de prix à l’intérieur de plusieurs départements dépassent l’entendement : ils vont par exemple de 5,83 € par m³ en Seine-et-Marne à 0,02 dans le Territoire-de-Belfort.
 Trop de territoires pratiquent des prix très élevés : sur les prix avec assainissement des 3451 communes étudiées, 1737 ont un prix supérieur à la moyenne nationale. Les 10% de prix les plus élevés sont 2 fois supérieurs aux 10% les moins élevés.
 Comparée à la France des grandes villes, la France rurale est pénalisée : 26 des 27 villes de plus de 100 000 habitants ont un prix (assainissement compris) inférieur à la moyenne nationale (4,15 €) alors que cette proportion n’est que de 60 % pour les 3139 communes de moins de 10 000 habitants.
 Les prix s’homogénéisent lorsque la taille des villes augmente : cela peut s’expliquer par l’existence de communautés d’agglomérations autour des grandes villes et dont la gestion commune de l’eau entraîne un prix unique pour l’ensemble des communes de l’agglomération. Les collectivités éloignées de ces agglomérations ont conservé une gestion autonome et ont des coûts plus élevés. Là encore, la France rurale est pénalisée.
 Les prix des grandes villes ne sont pas représentatifs des prix pratiqués en France : le prix moyen des 3 plus grandes villes de France (Paris, Lyon, Marseille), assainissement inclus, est de 3,16 €. Celui des 10 plus grandes villes examinées par la CGL affiche 3,34 €. On est loin de la moyenne de 4,15 € des 3451 prix, assainissement inclus, de l’échantillon.

"Une véritable jungle"

Dans les conclusions de son étude, la Confédération générale du logement note tout d’abord que "la tarification de l’eau en France, malgré un encadrement législatif contraignant dans beaucoup de domaines, est devenue au fil des années une véritable jungle."
Dans certaines collectivités, le niveau des prix et leurs écarts, la complexité des tarifications, le manque de transparence et autres dérives jugées indignes d’une démocratie ont engendré de nombreuses injustices.

Pour la CGL "le temps est venu d’agir pour faire de l’eau, de sa gestion comme de sa tarification, une affaire nationale." Les collectivités publiques doivent reprendre la main dans ce domaine : c’est la seule façon, selon elle, de garantir une mutualisation juste et équitable des coûts et un prix unique de l’eau à l’échelle nationale. (Source : CGL)


 L’étude de la CGL est disponible
sur le site localtis.info




Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


Contact Lettre d'information