« Les bisses sont des canaux artificiels creusés ou construits au flanc des monts et qui, transportant les eaux sur un parcours de plusieurs kilomètres, permettent l’irrigation nécessaire à la fertilité du sol »
(Auguste Vautier, Au pays des Bisses)
Dans le village de Botyre, sis sur la commune d’Ayent, la célèbre « Maison peinte », un édifice classé datant du 17e siècle, est donc désormais vouée à l’histoire des bisses à travers les siècles. Sur quatre niveaux et quelque 270 mètres carrés, c’est un véritable voyage dans le temps qui est proposé au visiteur pour une découverte de ces aménagements d’irrigation dont nombre d’entre eux sont encore et toujours en service : on compte actuellement en Valais quelque 300 bisses constituant un réseau de 2’000 kilomètres de canaux.
Un millier de documents écrits, des centaines d’objets et différentes « reconstitutions » (certaines d’entre elles sont situées à l’extérieur du bâtiment) permettent de comprendre pourquoi le bisse fut pendant si longtemps un élément déterminant du développement de la région. Une médiathèque et divers documents audio-visuels sont autant d’invitations à se familiariser avec des ’techniques’ encore utilisées aujourd’hui dans certains secteurs et à s’interroger sur le devenir agricole et touristique des bisses, conservés, rénovés ou en voie de reconstruction, et qui offrent ainsi au Valais un atout attractif majeur.
Les différentes thématiques du Musée
Au delà de leur nécessité purement économique, les bisses ont toujours été à l’évidence liés à l’organisation sociale des populations des régions concernées. Leur gestion a toujours été source d’étonnement et d’intérêt. Dès la Renaissance, écrivains, théologiens et autres scientifiques ont été sensibles à ce qu’a toujours représenté la construction d’un bisse et sa gestion.
– La construction : les bisses actuellement réhabilités permettent de prendre conscience du danger que représentaient les travaux. Accrochés à des falaises, traversant des couloirs exposés, les bisses sont des chefs d’œuvre d’audace, de courage et d’ingéniosité. L’entretien du bisse était aussi dangereux que sa mise en place.
– La religion : la construction et la surveillance du bisse ne sont pas sans danger. Autrefois, les paysans s’adressaient à Dieu pour attirer sa protection. Souvent des oratoires et des chapelles étaient alors édifiés le long des bisses et des cierges allumés dans les églises.
– L’irrigation : le bisse se situe en altitude (haute ou moyenne). Mais c’est bien l’eau du bisse qui permettait d’irriguer les zones agricoles basses. On parle alors d’irrigation par gravitation. L’apparition des jets mécaniques, dans les années 1930, bouleversera cette méthode sans pour autant la faire totalement disparaître.
– La gestion : la gestion de l’eau était autrefois assurée de manière communautaire, soit à travers un consortage, soit à travers la commune. Il existait un "droit d’eau" précisant les périodes de prélèvement et les périodes requises à cet effet. Ce système est toujours en cours mais a logiquement perdu de son importance, compte tenu du développement des nouvelles techniques d’irrigation.
– Le contexte géographique : la situation particulière du Valais (fort ensoleillement, climat sec, précipitations limitées) explique aussi l’existence des bisses. Sans eau et sans irrigation, il eût été impossible de développer une activité agricole viable dans certains secteurs.
(Informations et illustrations extraites de la documentation du Musée valaisan des bisses)
Pour en savoir plus :
– Voir le site du Musée valaisan des bisses
– Sur aqueduc.info, le compte-rendu du
Colloque international sur les bisses (Sion, 2010)