La composition de ce Conseil national de l’eau reflète bien ses ambitions et ses soucis. Ses 69 membres, qui travailleront sous la direction d’un bureau directeur de cinq personnes, proviennent de tous les secteurs d’activités : autorités religieuses et coutumières, collectivités territoriales, administration publique, milieux socioprofessionnels, consommateurs, structures scientifiques et techniques, centres de recherches et ONG actives dans le domaine de l’eau.
S’agissant d’une part de la recherche des voies et moyens pour un meilleur accès à l’eau potable, et d’autre part de la préservation des ressources et des milieux aquatiques, on ne peut que se réjouir de l’avènement de cette nouvelle institution qui sera accompagnée dans sa mission par le Fonds national de l’eau et par l’Agence nationale de gestion de l’eau.
Le CNE aura beaucoup à faire. Il devra vite passer de la théorie à la pratique et traduire ses nobles intentions de principe en actions concrètes sur le terrain. Ce ne sont pas les sujets de préoccupations qui manquent. On ne mentionnera ici que quelques-uns des défis qui attendent les conseillers :
– vulgariser les lois et codes béninois relatifs à l’eau et faire un effort d’information pour toucher tous les acteurs liés de près ou de loin à la gestion de l’eau,
– protéger les plans d’eau contre l’intrusion ou le déversement sans épuration des eaux usées urbaines, industrielles ou agricoles. Les cas des villes de Cotonou et de Porto-Novo (dans une moindre mesure) sont patents. Les collecteurs d’eaux pluviales drainent vers les lagunes d’importantes quantités de déchets de toutes origines et natures,
– assainir les villages lacustres, qui certes ont vocation touristique, mais qui sont aussi sources de plusieurs formes de pollutions des plans d’eau : la présence massive et permanente de jacinthes d’eau est là pour confirmer la contamination ambiante,
– aider à redonner aux eaux des qualités physico-chimiques et biologiques acceptables, exercer sur elles une constante surveillance et, pourquoi pas ? publier par exemple un rapport annuel sur l’état des eaux au Bénin.
S’il veut réussir sa mission, ce nouveau Conseil national de l’eau n’a pas le choix : il lui faudra faire preuve de beaucoup d’inspirations, d’anticipations et d’initiatives et ne pas succomber à la tentation de devenir "une structure de plus". On se doit donc de lui souhaiter plein succès.
Texte et photos :
Bernard Capo-Chichi
Porto-Novo