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1er juin 2013.

Le Bénin se dote d’un Conseil national de l’eau

Le mois d’avril 2013, au Bénin, a vu la mise en place d’un (...)

Le mois d’avril 2013, au Bénin, a vu la mise en place d’un nouvel outil de décision pour la gestion intégrée des ressources en eau du pays. Parmi les nombreuses attributions de ce Conseil National de l’Eau (CNE) qui se présente comme un cadre adéquat de concertation, on retiendra entre autres qu’il est chargé par ses avis, propositions et recommandations aux décideurs, de veiller à la gestion responsable et durable du patrimoine eau. Tout un programme.

La composition de ce Conseil national de l’eau reflète bien ses ambitions et ses soucis. Ses 69 membres, qui travailleront sous la direction d’un bureau directeur de cinq personnes, proviennent de tous les secteurs d’activités : autorités religieuses et coutumières, collectivités territoriales, administration publique, milieux socioprofessionnels, consommateurs, structures scientifiques et techniques, centres de recherches et ONG actives dans le domaine de l’eau.

S’agissant d’une part de la recherche des voies et moyens pour un meilleur accès à l’eau potable, et d’autre part de la préservation des ressources et des milieux aquatiques, on ne peut que se réjouir de l’avènement de cette nouvelle institution qui sera accompagnée dans sa mission par le Fonds national de l’eau et par l’Agence nationale de gestion de l’eau.

Le CNE aura beaucoup à faire. Il devra vite passer de la théorie à la pratique et traduire ses nobles intentions de principe en actions concrètes sur le terrain. Ce ne sont pas les sujets de préoccupations qui manquent. On ne mentionnera ici que quelques-uns des défis qui attendent les conseillers :

 vulgariser les lois et codes béninois relatifs à l’eau et faire un effort d’information pour toucher tous les acteurs liés de près ou de loin à la gestion de l’eau,
 protéger les plans d’eau contre l’intrusion ou le déversement sans épuration des eaux usées urbaines, industrielles ou agricoles. Les cas des villes de Cotonou et de Porto-Novo (dans une moindre mesure) sont patents. Les collecteurs d’eaux pluviales drainent vers les lagunes d’importantes quantités de déchets de toutes origines et natures,
 assainir les villages lacustres, qui certes ont vocation touristique, mais qui sont aussi sources de plusieurs formes de pollutions des plans d’eau : la présence massive et permanente de jacinthes d’eau est là pour confirmer la contamination ambiante,
 aider à redonner aux eaux des qualités physico-chimiques et biologiques acceptables, exercer sur elles une constante surveillance et, pourquoi pas ? publier par exemple un rapport annuel sur l’état des eaux au Bénin.

S’il veut réussir sa mission, ce nouveau Conseil national de l’eau n’a pas le choix : il lui faudra faire preuve de beaucoup d’inspirations, d’anticipations et d’initiatives et ne pas succomber à la tentation de devenir "une structure de plus". On se doit donc de lui souhaiter plein succès.

Texte et photos :
Bernard Capo-Chichi
Porto-Novo




Infos complémentaires

L’Ouémé, le plus long fleuve du Bénin à Kpédékpo ; le plan d’eau douce est envahi par la végétation exotique (menace pour la qualité des eaux)

Le lac Ahémé à Guézin, déversoir des déchets domestiques (à éviter)

Cotonou : collecteur d’eaux usées urbaines non épurées et en attente d’être drainées dans la lagune par les eaux pluviales (une vraie préoccupation)

Source d’eaux minérales chaudes à Ahicon en état d’abandon (ressource minérale à valoriser)

(Photos
Bernard Capo-Chichi)

Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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