Le professeur Yves Lévi est membre de ECOMICTH (Écologie microbienne en milieu thermal), une association qui depuis 5 ans réunit les compétences de plusieurs laboratoires universitaires multidisciplinaires français et des partenaires thermaux ou industriels.
Le bon millier de cas déclarés de légionellose en France en 2002 (dont 13% de mortels) laisse, dit-il, de nombreuses questions sans réponse. Il est donc important et urgent de mieux décrire l’écologie de la "legionella pneumophila", d’en connaître les causes et les caractéristiques, mais aussi de mieux identifier les populations à risque. Pour cela, il faudra améliorer voire inventer des outils d’analyse appropriés.
La complexité de la gestion des risques
"Cette bactérie, explique Yves Lévi, est un excellent exemple de la complexité de la gestion des risques microbiens en réseaux intérieurs et cela incite à organiser une collaboration scientifique de haut niveau multidisciplinaire pour comprendre. décrire et expliquer les phénomènes et mettre en œuvre des traitements préventifs et curatifs."
Il faut savoir en effet que l’écologie de la légionelle est loin d’être simple. Cette bactérie prolifère dans des réseaux d’eau chaude alimentés par des eaux de caractéristiques physiques et chimiques très variables : eaux potables, eaux thermales, eaux de rivières non traitées, etc. Son développement se fait également dans des milieux biologiques complexes.
Il existe bien toute une panoplie de mesures techniques connues pour enrayer le développement des légionelles : diagnostics des réseaux, modifications de l’hydraulique et des matériaux, élévations de température, entretiens périodiques et traitements continus. Mais, constate Yves Lévi, "toutes ces mesures ne sont pas aussi efficaces partout et une adaptation localisée est importante". Cela d’autant plus qu’un réseau contaminé et désinfecté peut se recoloniser en peu de temps si l’efficacité des traitements diminue.
Vaste programme
Au bout du compte, c’est donc une longue liste de questions sans réponses que dresse le spécialiste et qui portent sur :
– l’écologie microbienne des réseaux d’eau
– l’origine des contaminations et les conditions de prolifération
– la faiblesse des méthodes analytiques (réponses trop tardives ou incomplètes, absence de méthode idéale)
– l’architecture des réseaux hydrauliques et des tours aéro-réfrigérantes (quels matériaux, quelles procédures d’entretien, etc.)
– la détermination des souches dangereuses et des populations à risques. (bw)
Professeur Yves Lévi, ECOMICTH
"La légionelle : un pathogène révélateur de nos lacunes"
Le site de ECOMICTH (Écologie microbienne en milieu thermal)
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