“Essaie et tu verras” : ainsi pourrait-on traduire littéralement le nom de Zèkpon, une divinité qui fait parler d’elle depuis fort longtemps, en tout cas bien avant la pénétration française au Dahomey (ancien nom du Bénin) qui se situe entre les 17e et 18e siècles. Son domaine de prédilection, c’est la réconciliation, le règlement des conflits et discordes entre familles et collectivités, l’harmonie dans les foyers.
Zèkpon intervient également, non sans quelque succès, dans des préoccupations du genre : désir d’enfant, guérison, délivrance aisée pour la femme, et autres. Elle apaise les âmes inquiètes, agitées et troublées ; elle peut être mise à contribution pour faire tomber la pluie si nécessaire. C’est une source aux nombreuses vertus dont il ne convient pas de transgresser les consignes.
Aux dires des prêtres rencontrés sur place, on rend visite à Zèkpon comme on va en pèlerinage à la grotte mariale d’Arigbo de Dassa-Zoumè, petite Lourdes béninoise. Une centaine de personnes, dit-on, s’y rendent chaque semaine.
Le rituel comprend tout d’abord une ablution dans la source d’eau à qui le ‘patient’ confie (en les chuchotant) ses préoccupations, puis une ‘confession’ et une consultation au pied de l’autel, et enfin les recommandations du prêtre telles une ordonnance médicale. Le patient s’en retourne alors chez lui pour les mettre en pratique : satisfait, il reviendra à Zèkpon faire quelques offrandes qui n’ont rien d’un prix exorbitant. Nombre de ceux et celles qui sont passés par là ne cessent de témoigner leur satisfaction unanime, quelles que soient leurs origines et leurs croyances religieuses.
Quand bien même ce n’est qu’une minorité de Béninois qui se sont effectivement rendus sur le site, tout le monde ou presque a entendu parler de Zèkpon. Qu’on reconnaisse ou non la réalité de ses services, on est bien obligé de constater que le phénomène Zèkpon compte dans la vie quotidienne de bien des gens taraudés par l’anxiété et en quête de guérison. Encore faudrait-il que les autorités officielles accordent un peu plus d’attention à l’intérêt populaire croissant pour ces sources et leurs vertus, ne serait-ce, à défaut de confirmer leurs vertus, que pour éviter toutes sortes d’abus. L’eau, c’est la vie, et cela s’applique à la santé de l’âme et de l’esprit autant qu’à celle du corps.
Texte et photos :
Bernard Capo-Chichi