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4 janvier 2017.

Vous avez dit "neige industrielle" ?

Autour du Nouvel-An 2017, plusieurs services météorologiques et (...)

Autour du Nouvel-An 2017, plusieurs services météorologiques et organes de presse se sont fait l’écho d’une neige industrielle tombée en faibles quantités et sur de petits périmètres très éloignés les uns des autres. Ce phénomène, plutôt rare, ne peut survenir que lorsque certaines conditions physiques et atmosphériques sont simultanément réunies.

Alors que les paysages environnants étaient totalement dépourvus de toute trace de neige, un manteau blanc a été observé notamment en Suisse à Versoix, à proximité de Genève, et à Gerlafingen, dans le canton de Soleure. Mais aussi en Allemagne, dans la région de Francfort-sur-le-Main et dans plusieurs départements de la partie nord de la France, de la Bretagne à l’Alsace en passant par l’Île-de-France. L’explication de ce phénomène, baptisé "neige industrielle", ou "neige urbaine", voire "neige de pollution", est relativement simple.

Petit rappel : pour que des cristaux de glace et des flocons de neige puissent se développer, il faut avoir en même temps des températures inférieures à 0 °C, de la vapeur d’eau dans l’atmosphère ainsi que des aérosols, c’est-à-dire de fines et microscopiques particules volatiles, solides ou liquides, en suspension dans cette même atmosphère. Avec le froid, la vapeur d’eau se condense, forme des gouttelettes puis des cristaux de glace qui à leur tour s’agglutinent sur les particules volatiles, et lorsque ces minuscules conglomérats atteignent une certaine taille, leur poids les entraîne vers le sol sous forme de flocons de neige.

Deux autres facteurs interviennent dans le cas de la neige industrielle : d’une part, le rejet dans l’atmosphère de suppléments de vapeurs d’eau émanant de chauffages urbains et/ou d’activités industrielles diverses (notamment les usines d’incinération) et porteuses de particules fines plus ou moins polluées ; d’autre part, une inversion thermique, c’est-à-dire une situation météorologique dans laquelle la température de l’air est plus élevée en altitude qu’en plaine vu que l’absence de vent bloque les échanges entre les masses d’air (l’air froid plus lourd reste dessous l’air chaud plus léger). Dans ce cas, les particules fines véhiculées par les fumées ne peuvent plus être dispersées dans l’atmosphère : ce sont elles qui vont alors servir de noyaux de condensation et de congélation et participer ainsi au processus naturel de formation de la neige.

Sur son blog, MétéoSuisse [1] précise que l’inversion thermique ne doit pas alors dépasser l’altitude de 900 mètres et que la température à la base de cette couche doit se situer entre -5 et -12 °C. Elle fait également remarquer qu’il n’y a pas de formation de neige industrielle à proximité des tours de refroidissement des centrales nucléaires car leur célèbre panache de fumées est tellement chaud qu’il monte au-delà de la couche d’inversion thermique et s’évapore dans les zones plus sèches de l’atmosphère.

Faut-il s’inquiéter de ce phénomène somme toute assez anecdotique ? Compte tenu du manque d’études scientifiques, les avis sont assez partagés. Comme la neige industrielle présente un grain plus fin que la neige "naturelle", elle rend sans doute les routes plus glissantes et peut surprendre les automobilistes. On pourrait se dire qu’elle est aussi nocive que l’air que l’on respire lors des pics de pollution mais qu’après tout mieux vaut avoir cette pollution sous les pieds que dans le nez. Mais, explique Samuel Morin, chercheur en physique de la neige à Grenoble, dans une interview diffusée par la chaîne de radio France Culture [2], "en termes de nocivité chimique, vu les quantités mises en jeu et vu le mode de formation de cette neige, on peut très probablement s’attendre à des écarts très faibles avec la composition chimique de la neige naturelle". (bw)



Notes

Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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