Il y a vingt ans, avec l’initiative dite de Rothenthurm, la Suisse a décidé de protéger durablement ses biotopes et sites marécageux d’importance nationale. Sans cette décision, ce pays aurait sans doute continué à perdre une bonne partie des zones alluviales, marais, prairies sèches et sites de reproduction de batraciens qui font aujourd’hui heureusement partie de son patrimoine naturel et qui couvrent actuellement près de 2 % de son territoire.
Sans cela, écrit Bruno Oberle, le directeur de l’Office fédéral de l’environnement, « la Suisse serait moins riche. Une bonne partie des espèces menacées auraient tout simplement disparu. » Il n’oublie pas de rappeler que ces biotopes sont souvent la propriété d’agriculteurs. « Quelque 6000 exploitations s’occupent de la fauche des bas-marais et des prairies sèches. Les fonds publics qui financent ces travaux sont bien investis : ils permettent d’entretenir des surfaces prioritaires pour la protection de la nature. »
Au sommaire du dossier :
- Un avenir pour nos sites les plus précieux : L’initiative de Rothenthurm, en 1987, a fait date dans le domaine de la nature et du paysage. Il s’agit maintenant de développer une gestion appropriée pour conserver et relier durablement les principaux habitats de Suisse.
- Quand la tourbière se régénère : Les hauts-marais suisses sont très sensibles et ils n’ont pas été épargnés dans le passé. La régénération de ces sites est possible mais prend du temps. Exemple : l’étang de la Gruère, dans les Franches-Montagnes.
- Entre nature, agriculture et tourisme : Avec ses tourbières et ses bas-marais, la vallée tessinoise de Santa Maria, sous le Lucmagnier, est un site naturel exceptionnel. Mais aussi milieu de vie, espace économique, région de pâturages, zone de transit et destination touristique. Concilier ces divers aspects n’est pas toujours facile.
- Rendre leur dynamique aux Bolle di Magadino : À son embouchure dans le lac Majeur, la rivière Tessin, grâce à la revitalisation de sa zone alluviale, va reprendre ses anciennes habitudes : déborder, déposer des alluvions dans le delta, gagner du terrain sur le lac, et remplir son rôle de protection contre les crues.
- Richesse et diversité dépendent des agriculteurs : La production de lait est le principal secteur d’activité dela vallée de l’Intyamon, en Gruyère. Mais l’entretien des prairies riches en espèces prend de l’importance et les agriculteurs sont encouragés à développer des surfaces de compensation écologique.
- La rainette et les boeufs : Les sites de reproduction de batraciens d’importance nationale accueillent la majorité des grenouilles, crapauds et tritons de Suisse. Mais ils ne suffisent pas. Exemple avec le programme de protection de la rainette lancé dans la vallée argovienne de la Reuss.
- Grand Marais : place à la nature : Haies, zones humides et jachères agrémentent le « jardin potager » de la Suisse. Grâce au Réseau de biotopes du Grand Marais, la faune et la flore ont plus de chances de se développer entre les zones protégées du Seeland.
- Nature et culture en accord parfait : Dans les sites marécageux, nature et culture se complètent harmonieusement et des liens étroits d’ordre écologique, visuel, culturel et historique unissent les marais à leur environnement immédiat.
- Les visiteurs sont presque toujours les bienvenus… : La commune de Habkern, dans l’Oberland bernois, se trouve à 85 % sur un site marécageux d’importance nationale. Elle a élaboré un projet de réglementation pour que l’exploitation touristique ne porte pas atteinte à la nature et au paysage.
- Entretenir les biotopes, un travail d’agriculteur : La loi sur la protection de la nature et du paysage recommande d’assurer la conservation des biotopes et leur entretien en adaptant les modes d’exploitation agricole et sylvicole. Quelque 6000 paysans ont conclu dans ce sens des contrats avec les cantons.
- Une ressource méconnue : Les biotopes de transition entre les eaux et la terre ferme comptent parmi les plus menacés de la planète. Leur superficie a diminué de moitié durant ces cent dernières années. Des milliards sont investis pour que les zones humides détériorées assurent à nouveau leurs fonctions.
Lire aussi, hors dossier, l’article sur la richesse insoupçonnée des eaux souterraines : Selon une étude de l’Université de Neuchâtel, les biocénoses (ou écosystèmes hébergeant des communautés de vie) des eaux souterraines sont étonnamment riches en espèces. Elles pourraient même servir d’indicateur biologique de la qualité des nappes phréatiques.
Ce numéro 1/2007 du Magazine « ENVIRONNEMENT » peut être commandé à l’adresse
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