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6 août 2007.

Surenchère sur l’or bleu des Alpes

En Suisse, les deux tiers de la production d’électricité sont (...)

En Suisse, les deux tiers de la production d’électricité sont d’origine hydraulique et les principaux cantons producteurs de cette hydro-électricité veulent tirer un meilleur profit de leur « matière première ». Ils demandent ni plus ni moins que la redevance hydraulique que leur paient les exploitants passe de 80 à 100 francs par kilowatt de puissance brute. Ce qui provoquerait, un renchérissement de l’électricité de 0,3 centimes par kilowattheure.

L’électricité d’origine hydraulique est non seulement la plus ancienne des sources d’énergie renouvelable de Suisse, elle en est aussi la plus importante puisqu’elle couvre actuellement quelque 60% des besoins énergétiques du pays.

Les experts prévoient que la consommation d’énergie électrique augmentera dans les vingt prochaines années de 18 à 24%, selon les scénarios. Mais il semble à peu près exclu d’imaginer de construire de nouvelles grandes centrales hydroélectriques : les sites qui se prêtent à ce genre d’aménagements sont pratiquement déjà tous exploités. Il est cependant prévu d’augmenter le nombre de petites centrales.

A l’heure actuelle, la redevance hydraulique payée par les producteurs aux États cantonaux (qui, selon la Constitution fédérale, « disposent des ressources en eau » et peuvent prélever une taxe pour leur utilisation) rapporte au total quelque 400 millions de francs par an. Mais les sept cantons alpins (qui se partagent 270 millions de cette manne) réclament une meilleure indemnisation pour l’eau qu’ils mettent à la disposition des électriciens.

Une part du gâteau

Regroupés à l’enseigne de la Conférence gouvernementale des cantons alpins – que certains ont d’ores et déjà rebaptisée « OPEP des Alpes » - le Valais, les Grisons, Glaris, Nidwald, Obwald, le Tessin et Uri demandent donc une hausse de 80 à 100 francs par kilowatt de puissance brute (avec indexation automatique) ainsi que l’introduction d’une taxe d’accumulation pour les volumes d’eau retenus dans les barrages. Si elles avaient l’aval des autorités fédérales, ces revendications permettraient aux cantons de percevoir quelque 195 millions de francs supplémentaires.

Le conseiller d’Etat valaisan Thomas Burgener, président de la Conférence gouvernementale des cantons alpins, apporte quelques justifications à cette demande. Interrogé par « La Tribune de Genève », il explique notamment qu’il s’agit « d’une part, de compenser le renchérissement, qui atteint 9% depuis la dernière adaptation en 1997. D’autre part, les cantons entendent recevoir leur part des profits réalisés par les producteurs grâce à l’augmentation des prix de l’électricité. Enfin, cette revendication correspond à la nouvelle politique régionale selon laquelle les régions doivent compter davantage sur leurs propres ressources. »

En clair : compte tenu des prévisions de pénurie d’électricité mais aussi des conséquences des changements climatiques, les cantons se disent certes disposés à soutenir un accroissement de leurs capacités de production mais qu’ils entendent bien pour cela bénéficier de l’indemnisation qui va de pair. Comme dit Thomas Burgener, « c’est le prix à payer pour l’exploitation d’une des seules richesses des régions alpines ».

Le débat est (re)lancé

Les cantons alpins jugent d’ailleurs que leur revendication ne doit pas faire peur. Elle n’entraînerait qu’une hausse de 0,3 centime par kWh, elle serait donc tout à fait supportable et le prix du courant resterait encore et toujours inférieur à la moyenne européenne.

Ces revendications suscitent bien entendu des réactions de toutes sortes. Les entreprises électriques estiment non seulement qu’augmenter la redevance hydraulique « diminuerait l’attrait de cette énergie écologique », mais aussi que cette demande arrive au mauvais moment, c’est-à-dire en plein débat parlementaire sur la politique énergétique et alors que le principe d’une augmentation des tarifs a déjà été adopté.

Pour les défenseurs de la nature et les pêcheurs, une telle augmentation ne serait souhaitable que si elle était liée à de véritables prestations écologiques comme la renaturation des cours d’eau. (Source : agences et presse romande)




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Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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