Menée sur la base de relevés à haute définition spatiale et de données démographiques, commerciales et hydrographiques, l’étude de Arjen Y. Hoekstra et Mesfin M. Mekonnen ("The water footprint of humanity") quantifie et cartographie met en évidence, pays par pays, les disparités de l’empreinte eau et, du même coup, les différents flux internationaux d’eau virtuelle. Les deux chercheurs ont pris en compte les différentes parts de l’eau verte (eaux de pluie, 74 %), de l’eau bleue (eaux de surface et eaux souterraine, 11 %) et l’eau grise (eaux usées et polluées, 15 %). Et les empreintes sur l’eau sont calculées en fonction de ses usages agricoles et industriels pour la production de biens de consommation.
Sur la période qui va de 1996 à 2005 et en moyenne annuelle mondiale, ce sont plus de 9’000 milliards de mètres cubes d’eau qui ont été consommés pour l’agriculture (92 %), la production industrielle (4,4 %) et les usages domestiques (3,6 %). Un cinquième environ de cette eau est utilisée pour la production de biens de consommation (eau virtuelle) destinés à l’exportation (fruits, légumes, viande, produits industriels et autres).
Le classement des pays qui consomment le plus d’eau douce est emmené par la Chine (1’207 milliards de m3/an), l’Inde (1’182) et les États-Unis (1’053) qui pourtant ne représentent que 5 % de la population mondiale. Calculée proportionnellement au nombre d’habitant, la consommation américaine d’eau est de très loin la plus élevée (2’842 m3 par personne et par an) contre 1 089 m3 en Chine et 1’071 m3 en Inde, pour une moyenne mondiale de 1’385 m3. Ces trois pays sont ceux qui exportent aussi le plus d’eau virtuelle.
Les pays les plus dépendants des ressources en eau des autres pays sont Malte, le Koweït et la Jordanie, c’est-à-dire les îles et les régions semi-arides. Mais des pays relativement bien pourvus en eau, tels les États-Unis, le Japon et plusieurs pays européens, figurent également en bonne place dans la liste des importateurs d’eau virtuelle. Quant aux produits qui comptent le plus dans les échanges d’eau virtuelle, pas de grande surprise : les céréales, la viande et les produits laitiers
Près de la moitié des flux internationaux d’eau virtuelle concerne le commerce des cultures oléagineuses (coton, soja, huile de palme, tournesol, colza) et des produits dérivés. Les autres produits concernés par ces échanges sont des céréales, des produits industriels, le café, le thé et le cacao (7,9%), ainsi que la viande de bœuf. (Source:PNAS)
– Cette étude est disponible (en anglais) sur le site de la revue ’Proceedings of the national academy of sciences’ (PNAS)