Il est temps, dit-on à l’EAWAG qui a réuni quelque 350 scientifiques et spécialistes à l’occasion de sa journée annuelle d’information, il est temps de prendre ses distances par rapport à l’adage qui voudrait que seule la dose fait le poison. Les produits chimiques en tous genres, dont la liste ne cesse d’ailleurs de s’allonger chaque jour, font désormais partie de notre vie quotidienne. Mais la plupart de ces composés se retrouvent tôt ou tard dans le milieu aquatique et là, leur évolution est autrement plus complexe que ce que l’on peut expérimenter en laboratoire. Leur mélange peut entraîner une addition de leurs effets toxiques. À quoi s’ajoutent d’autres risques dus par exemple au réchauffement de l’eau ou l’intensification du rayonnement UV sous l’effet des changements climatiques.
Éviter - évaluer - éliminer
Tous les pesticides ne sont pas seulement d’origine agricole. Ils peuvent aussi provenir du milieu urbain, employés notamment dans les jardins ou les stades ou ajoutés à certains matériaux pour leurs propriétés biocides. Les pluies emportent ces substances et si les eaux pluviales contaminées ne peuvent pas être contenues par un bassin de rétention, les pesticides sont rejetés dans les cours d’eau sans passage en station d’épuration.
C’est donc au niveau de la prévention qu’il faut intervenir, insiste l’EAWAG, par exemple en aménageant ou en agrandissant les bassins de rétention. Les rejets de polluants dans l’environnement peuvent aussi être évités ou limités en intervenant dès la production des matériaux. La collaboration entre l’Institut et les fabricants de carton bitumé pour toiture a ainsi permis de modifier la formulation et les conseils d’utilisation de ce type de produit.
Il n’en reste pas moins que les stations d’épuration accueillent un véritable cocktail de polluants en provenance des zones urbaines. Jusqu’à présent, ces stations étaient conçues pour l’élimination des matières nutritives et non pour celle des produits chimiques. Il s’en suit qu’elles recueillent donc une partie des rejets de ces substances dans le milieu aquatique. Une étude menée par l’EAWAG dans le cadre du projet MicroPoll de l’Office fédéral de l’environnement a montré que le traitement des effluents par l’ozone permettait d’éliminer la majeure partie des effets toxiques des micropolluants.
(Source : EAWAG)