Pour Torgny Holmgren, directeur de L’Institut International de l’Eau de Stockholm (SIWI), cheville ouvrière de ce rendez-vous annuel, "plus d’un quart de toute l’eau utilisée dans le monde entier sert à produire plus d’un milliard de tonnes de nourriture que personne ne mange. Toute cette eau, à quoi il faut ajouter les milliards de dollars dépensés dans les cultures, les transports, les emballages et les réseaux de distribution, est de l’argent jeté par les fenêtres (…) Réduire le gaspillage de la nourriture est la façon la plus intelligente et la plus directe pour réduire la pression sur les ressources en eau et sur les terres."
Si l’on veut répondre aux demandes mondiales de nourriture, précisera la ministre suédoise de la coopération, Gunilla Carlsson, il faut nécessairement produire plus avec moins, améliorer la gestion de l’eau, penser les défis autrement et les relever avec de nouveaux partenaires : cela suppose donc que l’on s’appuie davantage sur les demandes et les réponses locales plutôt que d’adapter des produits et des systèmes de distribution conçus pour les marchés occidentaux.
L’agriculture, clé de l’utilisation durable de l’eau
Mais c’est surtout l’intervention de José Graziano da Silva, directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, qui aura le mieux cadré les enjeux de cette question "cruciale" pour chaque pays, mais qui ne peut être résolue que par la communauté internationale dans son ensemble.
Les sécheresses récurrentes qui frappent certaines régions du monde, qui compromettent la production céréalière et provoquent la hausse régulière et parfois spectaculaire des prix des produits agricoles, réclament aujourd’hui des changements dans les usages (et les gaspillages) de l’eau tout au long de la chaîne alimentaire.
"Il ne peut y avoir de sécurité alimentaire sans sécurité de l’eau", rappelle d’abord José Graziano da Silva, soulignant que la pénurie croissante des ressources en eau et leur pollution compromettent de plus en plus les systèmes mondiaux de production vivrière : "l’agriculture telle que nous la pratiquons aujourd’hui est une des causes de ce phénomène car elle représente 70% de tous les prélèvements d’eau douce (…) et nous devons produire de façon à conserver l’eau, à l’utiliser de façon plus durable et plus intelligente".
Selon le patron de la FAO, puisque c’est, de toute évidence, l’agriculture qui détient la clé de l’utilisation durable de l’eau, c’est dans ce secteur-là aussi qu’il faut faire preuve d’initiative en matière de gestion de l’eau. Et de citer quelques priorités comme autant de politiques nouvelles à mettre en place : moderniser les systèmes d’irrigation pour répondre aux besoins des agriculteurs de demain et s’adapter aux changements climatiques, améliorer le stockage des eaux de pluie pour réduire les risques de sécheresse, recycler et réutiliser l’eau grâce notamment à l’épuration des eaux usées urbaines, lutter contre la pollution qui aggrave l’appauvrissement des ressources hydriques, réduire les pertes après récolte et les gaspillages de produits alimentaires de la ferme à la table.
"Partout dans le monde, conclut José Graziano da Silva, 2,6 milliards de petits producteurs cultivent la terre, élèvent des animaux et des poissons. Ils sont les principaux fournisseurs de produits alimentaires dans les pays en développement. Si nous voulons qu’ils produisent de manière plus durable, en préservant les ressources naturelles, en s’adaptant aux changements climatiques et en contribuant à en atténuer les impacts, alors nous devons les aider. Nous ne pouvons pas attendre d’eux qu’ils le fassent seuls." (Sources : SIWI / FAO)
– Le site officiel de la Semaine internationale de l’eau