Sur cette thématique de la « protection globale des eaux », l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP), a également choisi cette date pour publier une fiche pratique de quatre pages rappelant, d’une part, l ’importance d’une meilleure prise en compte des écosystèmes pour la production d’eau potable propre et, d’autre part, trois des principaux objectifs que se fixe la Suisse en la matière : plus d’espace pour les poissons, des débits résiduels suffisants, moins de produits chimiques dans l’eau. En voici les grandes lignes.
« Les activités menées en amont d’un bassin versant, notamment la déforestation, peuvent affecter considérablement la quantité et la qualité de l’eau en aval. En subventionnant les activités favorables aux écosystèmes, on assure un approvisionnement en eau suffisant aux villes riches situées en aval (et aux milieux économiques), tout en accordant aux populations vivant en amont une compensation pour leur contribution à la protection et à l’utilisation durable d’écosystèmes comme les forêts. » Sorte de château d’eau de l’Europe occidentale, la Suisse, de ce point de vue, a donc une responsabilité particulière, « même au-delà de ses frontières ».
Les menaces
En Suisse, trop de rivières (12’500 des 61’000 kilomètres de cours d’eau) ne sont pas du tout à l’état naturel et les poissons en quête de frayères rencontrent trop d’obstacles sur leurs chemins de migration.
– La qualité de l’eau, exposée à des pollutions de toutes sortes, est également parfois insuffisante à leur développement : en 25 ans, les prises de poissons par les pêcheurs ont diminué de 60%.
– Depuis 30 ans, la pollution des eaux par des produits chimiques est en nette diminution. Mais le problème des micropollutions chroniques n’a pas été résolu : il y a toujours des centaines de substances chimiques (ainsi que des substances endocriniennes) qui parviennent de manière diffuse dans l’environnement ou qui ne sont pas complètement décomposées dans les stations d’épuration.
– Les quantités de pesticides sont certes elles aussi en diminution mais une enquête menée auprès de 455 stations de mesure des eaux souterraines réparties dans toute la Suisse montre que la moitié des stations présentent des traces de pesticides ou des produits de leur dégradation.
– En aval des barrages, de nombreux cours d’eau ne présentent pas encore un débit résiduel suffisant. Ce manque d’eau a des effets négatifs non seulement sur les populations de poissons mais aussi sur de nombreux jeunes animaux terrestres, insectes, batraciens et reptiles.
Les mesures déjà prises
– Produits chimiques : dans le cadre de la révision de la législation sur les produits chimiques, il est notamment prévu d’interdire certaines substances dans les produits de nettoyage, dans les produits de traitement des textiles et du cuir ainsi que dans les pesticides.
– Micropollutions et ordonnance sur les substances : la fabrication et l’utilisation de certaines substances endocriniennes ou toxiques pour la reproduction sont déjà interdites en Suisse.
– Boues d’épuration : étant donné qu’elles contiennent des polluants, il est interdit depuis 2003 de les épandre sur des surfaces fourragères. En 2006, cette interdiction s’étendra à toutes les surfaces agricoles.
– Débits résiduels : depuis l’entrée en vigueur en 1992 de la loi fédérale sur la protection des eaux, de nouveaux débits résiduels, souvent plus élevés, ont déjà été fixés pour plus de 60 captages dans le cadre de renouvellements de concessions.
Les mesures à prendre
– Rapprochement avec l’Union européenne : parallèlement à l’UE, la Suisse doit introduire une autorisation obligatoire pour les substances persistantes qui peuvent s’accumuler ou qui sont toxiques pour la reproduction.
– Micropollutions : il convient de détecter les substances ou les mélanges de substances dont l’impact sur les eaux est négatif, d’identifier leur provenance et d’élaborer une stratégie permettant de réduire ces micropollutions dans les eaux.
– Habitats : au cours des dernières décennies, les rivières, les ruisseaux et les lacs ont beaucoup souffert. Ces écosystèmes doivent retrouver leur état naturel. Les rivières et les ruisseaux doivent disposer de suffisamment d’espace pour assurer leur dynamique. Les revitalisations permettent de favoriser la diversité des espèces tout en améliorant la protection contre les crues.
– Débits résiduels : les tronçons qui ne présentent pas un débit résiduel suffisant doivent être totalement assainis lors du renouvellement des concessions, ou d’ici à 2012 dans la mesure où cela est économiquement supportable.
– Réduction des nitrates : dans les années 1990, l’eau potable de Wohlenschwil (Argovie) contenait trop de nitrates. La culture intensive a été interrompue sur 23,5 hectares et ces terres transformées en pâturages non fertilisés, moyennant une indemnité accordée aux agriculteurs pour pertes de gains. Résultat : le taux de nitrates a pu être ramené à un taux acceptable. Un exemple qui devrait faire école.