Ce rapport, commandité par les pays riverains de la Méditerranée et rédigé avec la collaboration de quelque 300 experts des deux rives nord et sud de la Grande Bleue, propose une analyse prospective du devenir du bassin méditerranéen et ses 430 millions d’habitants pour lesquels il n’écarte pas le risque d’une fracture sociale, économique et environnementale à l’horizon 2025. Il consacre bien évidemment l’un de ses chapitres à l’approvisionnement en eau.
Le constat : les approvisionnements en eau sont fragilisés
En Méditerranée l’eau est une ressource rare, fragile et inégalement répartie. Les demandes en eau sont en augmentation et dans de nombreux pays du bassin méditerranéen, les prélèvements approchent le niveau limite des ressources disponibles. Le rapport du Plan Bleu met le doigt sur des pénuries d’eau, conjoncturelles ou structurelles.
En l’an 2000, la population pauvre en eau, c’est-à-dire celle des pays qui disposent de moins de 1000 m3 par habitant par an, s’élevait à 108 millions. 45 millions d’entre eux se trouvaient même en situation de pénurie, disposant de moins de 500 m3 par habitant par an.
Les approvisionnements en eau sont fragilisés à la fois par la surexploitation d’une partie des eaux souterraines renouvelables (générant des intrusions salines qui rendent l’eau inutilisable) et par l’exploitation de ressources non renouvelables (dont les eaux fossiles). A quoi s’ajoutent des dégradations et pollutions d’origine humaine qui en modifient le régime ou la qualité, ce qui limite encore les possibilités d’usage. Au bout du compte, il en résulte :
– une vulnérabilité des approvisionnements du fait de la hausse des coûts (car il faut traiter l’eau),
– des risques pour la santé (la qualité des eaux distribuées est une préoccupation croissante),
– des conflits d’usage (entre utilisateurs, grands secteurs, régions ou pays).
Le futur annoncé : l’épuisement des ressources en eau
Le rapport prédit une augmentation sensible des pressions sur les ressources en eau au Sud et à l’Est du bassin méditerranéen. Ils seront alors 63 millions de Méditerranéens à se retrouver en situation de pénurie. Du fait de la croissance de la demande d’eau agricole et urbaine et de la rareté des ressources, un pays méditerranéen sur trois prélèvera plus de 50 % du volume annuel de ses ressources naturelles renouvelables.
C’est surtout dans les pays les moins pourvus, que les croissances de la demande seront les plus fortes, ces pays étant alors les plus touchés par des pénuries structurelles. Dans ces conditions, il faut s’attendre à un épuisement rapide de certaines ressources fossiles et une poursuite de la destruction d’aquifères côtiers par intrusion d’eau de mer.
Du fait de leur envasement, nombre de barrages sont en train de perdre une part importante de leurs capacités initiales et verront leur durée de vie limitée. La croissance des rejets industriels et urbains et la réduction des écoulements dus à l’augmentation des prélèvements affecteront la qualité des eaux et des systèmes aquatiques. (Source : dossier de presse)
* "Méditerranée : Les perspectives du Plan Bleu sur l’environnement et le développement"
Éditions de l’Aube (France), 2005, 432 pp.