Dans ce pays himalayen où les pluies sont rares, la production agricole - celle des céréales et en particulier de l’orge, aliment de base - dépend traditionnellement des torrents d’eau de fonte des glaciers et d’un système d’irrigation, de canaux et de bassins de rétention adaptés à l’âpreté des lieux.
Mais les basses températures et le gel qui règnent pendant de nombreux mois en altitude raccourcissent d’autant les périodes de culture. C’est alors que Chewang Norpnel a l’idée d’aménager des "glaciers artificiels".
Non loin des villages et sur des versants qui restent longtemps à l’ombre, il construit des digues de pierres. En automne, il détourne une partie de l’eau des rivières pour l’amener vers ces petits bassins où elle gèlera dès les premières froidures, créant de véritables réservoirs de glace.
Dès le printemps et compte tenu que ces mini-glaciers vont dégeler bien avant l’arrivée des eaux de fonte des glaciers d’altitude, les villageois pourront gagner ainsi quelques précieuses semaines sur le calendrier des travaux agricoles et améliorer leurs récoltes. Aujourd’hui Chewang Norpnel craint l’impact des changements climatiques. La situation est alarmante, dit-il, les neiges sont moins fréquentes, les glaciers reculent. A ce rythme-là, le bel oasis des villages montagnards risque de disparaître.