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16 avril 2018.

Les dégâts de « l’ère plastique » se reflètent aussi dans le Léman

Il existe déjà quelques études sur les plastiques flottant dans (...)

Il existe déjà quelques études sur les plastiques flottant dans les eaux douces, mais elles sont encore plutôt rares [1]. Celle que viennent de mener des chercheurs des universités de Genève et de Plymouth est en tout cas symptomatique des dégâts de "l’ère plastique" : une analyse chimique des plastiques collectés en mars 2016 sur plusieurs plages du lac Léman a révélé la présence de cadmium, de mercure et de plomb, parfois à des concentrations très élevées.

Sur douze plages de galets autour du Léman, les chercheurs ont trouvé plus de 3000 débris de plastique contenant des objets identifiables - jouets, stylos, cotons-tiges, tuyauterie, cache-pots, emballages alimentaires – ainsi que des fragments de plastique, y compris de la mousse expansée et du polystyrène.

Plus de 600 de ces objets plastiques représentant les différents types de déchets trouvés ont été ensuite analysés pour la recherche des toxines par le biais d’une technique non destructive qui utilise la fluorescence X. Cette technique, non destructive, permet de déterminer la composition chimique des matériaux.

Ces analyses ont détecté la présence fréquente d’éléments dangereux, tels que le brome, le cadmium, le mercure et le plomb, parfois dans des concentrations très élevées dans certains cas. Les chercheurs expliquent que l’abondance de ces éléments toxiques, qui sont maintenant restreints ou interdits, montre que la durée de vie de ces plastiques dans le lac peut se compter en décennies. Par exemple, du mercure a été trouvé dans des objets plastiques rouges ou brun rougeâtre, alors que l’utilisation de cette substance comme pigmentation n’a plus cours depuis les années 1950.

"Les débris de plastique dans les lacs d’eau douce sont susceptibles de poser les mêmes problèmes à la faune que les plastiques marins" explique Monteserrat Filella, chercheuse au département F.-A. Forel de la Faculté des sciences de l’Université de Genève. Ce qui la préoccupe en particulier c’est non seulement le fait que des produits chimiques dangereux soient associés à ces plastiques, mais aussi l’enchevêtrement et l’ingestion de ces matériaux : "quand ils sont mangés par les animaux, les conditions acides et riches en enzymes de l’estomac peuvent accélérer la vitesse à laquelle ces toxines sont libérées dans le corps, affectant les animaux concernés." (Source : UNIGE).

 Montserrat Fillella & Andrew Turner, "Observational Study Unveils the Extensive Presence of Hazardous Elements in Beached Plastics from Lake Geneva", Frontiers in Environmental Science, 02 February 2018. Voir l’article original intégral >




Notes

[1Voir cependant "Les eaux des lacs suisses ne manquent pas de … microplastiques !", aqueduc.info, 11 décembre 2014.

Infos complémentaires

Un quadrimaran pour nettoyer les océans

Lors du 46e Salon International des Inventions, qui s’est tenu à Genève du 11 au 15 avril 2018, le navigateur franco-suisse Yvan Bourgnon et son association The SeaCleaners ont présenté leur projet novateur de bateau récupérateur de macro-déchets plastiques flottants. Faute de gestion efficace de ces déchets dans les régions littorales ou fluviales, ce sont quelque 9 millions de tonnes de plastiques qui sont déversés chaque année dans les océans avec des conséquences écologiques, économiques et sanitaires désastreuses. Conçu pour les collecter en haute mer, le long des côtes ou dans les grands estuaires, le prototype de ce quadrimaran géant, baptisé "Manta", du nom de la raie manta, qui filtre l’eau pour s’approvisionner en plancton, devrait voir le jour en 2022.


Un dossier à lire

Sur cette thématique de la pollution par les plastiques, trois journaux – Le Matin Dimanche, La Tribune de Genève et 24 Heures – ont publié fin avril début mai une très intéressante série d’articles qu’on lira avec grand intérêt :

La planète bleue submergée par les déchets plastiques (LMD, 28 avril 2018)
Décharge chinoise fermée : la panique gagne l’Europe (TdG, 30 avril 2018)
À Berne, la logique écolo se heurte à l’économie (TdG, 1 mai 2018)
Distribution et industrie peinent à se désintoxiquer du plastique (TdG, 2 mai 2018)
Cinq héros en guerre contre le plastique (TdG, 3 mai 2018)
Les bioplastiques issus de déchets sont promis à un bel avenir (TdG, 4 mai 2018).

Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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