Sauf en petites quantités (dans des batteries d’accumulateurs, par exemple) l’électricité ne peut pas être stockée. Cela implique donc que sa production et sa consommation soient synchronisées, ce qui n’est pas le moindre des défis pour les entreprises qui doivent sans cesse et immédiatement adapter leur offre aux variations des besoins d’énergie.
Il est par contre possible de mieux gérer la quantité d’eau disponible dans les lacs d’accumulation des barrages et de profiter ainsi d’une plus grande flexibilité dans la production d’électricité. Pour faire face à la demande croissante aux heures de pointe et à la nécessité d’équilibrer le rapport entre l’énergie produite et consommée sur le réseau, les Forces motrices Hongrin-Léman (FMHL) ont donc décidé - à l’instar d’autres grands projets à la Grande Dixence, à Mauvoisin et au Grimsel par exemple – de miser sur une plus grande capacité de pompage-turbinage.
Concrètement, en périodes de grande consommation d’électricité, l’eau du lac de l’Hongrin est turbinée 880 mètres plus bas dans la centrale de Veytaux et déversée dans le Léman. Lorsque la demande est faible, on pompe alors de l’eau dans le Léman et on la remonte dans celui de l’Hongrin.
L’installation de deux groupes supplémentaires de pompage-turbinage d’une puissance de 240 MW permettra de produire environ un milliard de kWh par année, soit près du double de la production actuelle (520 millions de kWh). Ces nouveaux équipements – pompes, turbines, alternateurs - seront installés dans une immense caverne dont les trois quarts ont déjà été excavés et qui, à terme, mesurera 100 mètres de long, 25 de large et 56 de haut.
Ce projet, explique-t-on du côté de FMHL, est le complément idéal au développement des énergies renouvelables : "il permettra de stocker sous forme hydraulique (par pompage) les excédents des éoliennes les nuits de fort vent ou des panneaux photovoltaïques durant les belles journées ensoleillées. Cette énergie excédentaire ainsi stockée pourra être restituée lors des consommations de pointe ou lorsque la météo sera moins propice aux énergies renouvelables."
Restent cependant un certain nombre d’interrogations liées d’une part à la gestion et à la rentabilité d’une installation qui devra forcément consommer de l’énergie pour pomper l’eau du Léman et l’amener au barrage, en profitant des variations de prix à différents moments de la journée en fonction de la demande, et d’autre part à l’évolution du marché européen de l’électricité où cet écart tarifaire s’est précisément considérablement réduit en raison de la production massive d’énergies renouvelables, principalement en Allemagne. (bw)
– En savoir plus sur le site des
Forces Motrices Hongrin-Léman (FMHL)