Pendant l’hivernage de mai et juin, les pluies torrentielles annoncent la fin des pénuries subies pendant plusieurs mois. Les gens des villes recueillent de l‘eau dans les citernes et les puits domestiques, les forages disposent enfin d’une ressource de qualité acceptable. En milieu rural, les familles s’approvisionnent dans les eaux de surface - sources, rivières, marigots, retenues de toutes sortes - grossies par les eaux de ruissellement.
Mais cela ne dure que quelques semaines. Quand revient la saison sèche, par contre, le manque d’eau se fait à nouveau sentir de manière durable. Difficile, dans ces conditions, de répondre aux besoins domestiques quotidiens qui sont loin d’être satisfaits. Quelques trop rares forages pérennes font exception à la règle du tarissement généralisé, mais l’eau qu’on y trouve porte la trace fortement minéralisée des sols qu’elle a traversés. Cette eau dure n’est pas des plus agréables à boire et ne fait pas mousser le savon.
Quand la fourniture d’eau potable par le service public devient aléatoire et que le niveau des rivières et des plans d’eau est à la baisse, la quête d’eau pour la consommation quotidienne des ménages devient un véritable casse-tête. Temps mort, dirait-on au jeu. Cette période est pour les enfants synonyme de recrudescence des maladies hydriques, les animaux meurent de soif, les paysans changent d’activité, les jeunes s’en vont vers les grandes villes ou s’exilent dans les pays voisins. No water, no job, disent nos voisins anglophones. Sans eau, pas d’emploi.
Dans le département des Collines, comme si cela ne suffisait pas, à la précarité de l’eau s’ajoutent d’autres menaces, la coupe massive d’arbres pour la fabrication de charbon de bois, l’érosion prononcée des sols en raison du relief et des terrains dénudés, l’usage abusif d’intrants agricoles ou encore la mauvaise gestion des ordures ménagères.
Pour remédier aux pénuries d’eau, les pouvoirs publics se sont fixé un objectif : un forage pour 250 personnes. Dans la plupart des cas, ces forages sont de faible débit et l’eau y est fortement nitratée. On ne pourra pas faire l’économie de forages à grand débit. Mais il faut aussi mettre à contribution les eaux de pluie, les recueillir, les stocker, les traiter, plutôt que de les laisser s’évaporer ou grossir les rivières. Sans oublier de lutter contre toutes les formes de pollutions et de dresser des périmètres de protection autour des sources d’eau potables fiables.
Reste cet autre fléau qu’est la jacinthe d’eau qui règne en impératrice sur la presque totalité des plans d’eau douce. Elle semble avoir été oubliée, mais de façon pernicieuse et certaine elle continue de dégrader la qualité des ressources en eau douce dont le traitement va donc coûter de plus en plus cher. Bref, on aura compris que dans ce département sis au cœur du Bénin l’avenir se conjugue avec une meilleure maîtrise de l’eau et qu’il n’y a pas d’autre alternative.
Texte et photos :
Bernard Capo-Chichi,
Porto-Novo, Bénin