La moitié de la nourriture de la planète est gaspillée, indique le rapport des chercheurs des trois institutions publié à l’occasion de la Semaine internationale de l’eau de Stockholm (voir ci-contre) : d’énormes quantités d’aliments sont perdues lors de leur conditionnement et de leur transport, puis dans les supermarchés, les restaurants et les cuisines familiales. Cela signifie aussi que toute l’eau qui a été prélevée pour leur production l’a été inutilement.
Aux États-Unis par exemple, près d’un tiers de la nourriture est jetée dans les poubelles, ce qui représente en valeur marchande pas loin de 50 milliards de dollars. C’est comme si on laissait couler les robinets et laissait se répandre pour rien 40 milliards de litres. Autrement dit, suffisamment d’eau pour répondre aux besoins ménagers de 500 millions de personnes. Grâce au commerce international, ce qui serait épargné dans un pays pourrait bénéficier à d’autres régions du monde.
Ce gaspillage de nourriture se traduit différemment selon que l’on est pauvre ou riche. Dans les pays en développement, la majorité des pertes de nourriture survient pendant le processus de production, lors du transport ou des mauvaises conditions d’entreposage. Dans les pays riches, c’est surtout dans l’étape suivante, celle de la consommation – ou plutôt de la non consommation des produits agricoles jetés au rebut - que sont enregistrées les pertes les plus importantes. On notera aussi que les changements de régimes alimentaires (avec un plus grand accès par exemple à des produits carnés) amplifient forcément le gaspillage d’eau. En clair : les choix alimentaires ont d’une manière ou d’une autre des répercussions sur les ressources en eau.
Selon Jan Lundqvist, directeur du programme scientifique du SIWI, « si nous parvenons à améliorer la productivité de l’eau et à réduire la quantité de nourriture gaspillée, nous pourrons alors garantir une meilleure alimentation aux pauvres et assez de nourriture pour davantage de gens (…) L’objectif que nous proposons, à savoir une réduction de 50% des pertes et des gaspillages sur la chaîne de production et de consommation, est nécessaire et réaliste. » À condition toutefois de changer de mentalité.
Or, constate l’expert suédois, « si nous regardons la quantité d’eau dont nous avons encore plus besoin pour la nourriture (les besoins en alimentation devraient doubler d’ici 2050) et celle pour les produits agricoles à destination énergétique (les biocarburants) ... alors il y a de quoi s’inquiéter ». Cela d’autant plus que « dans nos sociétés urbaines, nous avons perdu le contact avec la réalité et nous ne savons plus d’où vient notre nourriture ni ce qu’il faut pour la produire ». Qui en effet de savoir qu’il faut environ 15’000 litres d’eau pour produire un seul kilo de viande de bœuf ? (Sources : rapports et communiqués officiels et agences)
“Saving Water : From Field to Fork – Curbing Losses and Wastage in the Food Chain” : Rapport en anglais disponible sur le site du SIWI
(*) L’Institut international de l’eau de Stockholm (SIWI) se présente comme un institut de recherche de solutions durables pour résoudre la crise mondiale de l’eau. Il mène dans ce sens différents projets d’études, publie les conclusions de ses chercheurs et propose des recommandations d’études sur différents thèmes liés à la gestion de l’eau. Voir : www.siwi.org