Rehausser les barrages pour accroître leur capacité de retenue et leur potentiel hydroélectrique est l’une des réponses techniques possibles pour à la fois améliorer leur efficacité et pour augmenter le potentiel de production hydroélectrique dans un contexte de transition énergétique vers une valorisation des énergies renouvelables.
En Suisse, c’est le cas, entre autres, des barrages du Grimsel, dans l’Oberland bernois. En 2007, les autorités cantonales avaient donné leur accord au rehaussement de 23 mètres des deux digues, ce qui ferait passer le volume de la retenue de 95 à 170 millions de mètres cubes. Ce projet, jugé vital pour la sécurité de l’approvisionnement, particulièrement aux heures de pointe de consommation électrique, ferait plus que doubler la capacité de production actuelle (240 GWh).
Plusieurs associations écologistes se sont immédiatement et fortement opposées à une extension du lac qui, selon elles, “entraînerait une altération importante du site naturel pour une production énergétique de faible importance”. Leur argumentation se base sur le fait que l’élévation du niveau d’eau du lac submergerait une part importante de la marge glaciaire de l’Oberhaar, de son site marécageux et de sa forêt d’aroles. Or les marais "d’une beauté particulière et présentant un intérêt national" sont des sites protégés par la Constitution fédérale depuis 1987, date à laquelle les citoyens suisses ont largement accepté une initiative populaire (dite de Rothenthurm, du nom d’une vaste zone marécageuse de Suisse centrale).
S’agissant du Grimsel, le gouvernement fédéral avait en 2004 autorisé la restriction du site marécageux protégé et plus tard le parlement cantonal bernois avait autorisé la modification de la concession accordée au groupe Kraftwerke Oberhasli AG (KWO) pour que celui-ci puisse réaliser le projet de surélévation du barrage. C’est cette décision, contestée en justice par un collectif d’organisations écologistes, qui vient d’être cassée par le Tribunal administratif cantonal. Ses juges ont estimé que l’intérêt public pour la protection de l’environnement l’emportait sur les arguments des promoteurs du marché de l’électricité.
Le groupe KWO n’a pas encore fait savoir s’il recourrait contre ce jugement. Il attend pour cela de prendre connaissance des considérants et motifs écrits de la décision. Dans un communiqué commun, les organisations écologistes se sont par contre dites "soulagées". Elles considèrent que les capacités de stockage pour la production hydroélectrique "ont déjà été et sont encore augmentées massivement ailleurs en Suisse". (bw)