Matthias Huss s’est appuyé sur des données détaillées, déjà disponibles pour 50 glaciers suisses, basées sur des mesures sur le terrain et sur un modèle informatique. Ces données ont été comparées à des mesures de débit le long de quatre fleuves - Rhin, Rhône, Danube, Pô - de leur source à leur embouchure. Il était ainsi possible de quantifier la part du débit se composant d’eau de fonte des glaciers durant les mois d’été.
Les résultats sont étonnants : plus d’un quart de l’eau du Rhône qui s’écoule dans la Méditerranée au mois d’août résulte de la fonte des glaces. Même aux Pays-Bas, 7% environ de l’eau du Rhin provient des glaciers alpins, bien qu’ils ne couvrent qu’une infime partie – moins de 2 pour mille – du bassin versant. Autrement dit, si l’apport des glaciers à l’écoulement du Rhin, du Rhône, du Danube et du Pô se tarissait, il en résulterait un recul significatif de leur débit pendant la période estivale. Cet effet serait particulièrement prononcé lors des vagues de chaleur comme ce fut le cas, par exemple, lors de l’été 2003.
Le château d’eau de l’Europe bientôt à sec ?
Le futur recul des glaciers a été simulé à l’aide de scénarios climatiques et leur apport à l’écoulement des fleuves a été calculé jusqu’en 2100. Selon ces scénarios, les glaciers alpins perdront d’ici la fin du siècle jusqu’à quelque 90% de leur taille actuelle. Ils ne pourront donc presque plus alimenter les fleuves européens. Un fléchissement du débit aurait corrélativement des conséquences à long terme pour toute l’Europe, pouvant se traduire notamment par une restriction du trafic fluvial, une diminution de l’approvisionnement en eau potable ou des pertes dans la production des barrages hydroélectriques. (Source : Université de Fribourg)
– Matthias Huss, « Present and future contribution of glacier storage change to runoff from macroscale drainage basins in Europe.” Water Resources Research, Vol. 47 (2011)