Cette initiative, prise en 2003 et dont les premiers résultats ont été présentés lors des États généraux de l’eau de la région lémanique du 27 octobre 2005, vise un double objectif : d’une part, dresser un inventaire aussi complet que possible des usages de l’eau de la région, d’autre part, évaluer dans quelle mesure cette gestion de l’eau est conforme aux critères du développement durable. Ce qui ne peut se faire que si l’on réunit des compétences représentatives des différentes disciplines qu’induisent les trois pôles du développement durable : social, économique et environnemental.
Quatre bassins sous la loupe
Réalisme oblige, les auteurs de l’étude ont choisi de limiter leurs analyses à quatre bassins versants, jugés représentatifs de la diversité des conditions de la région lémanique, à savoir les bassins de la Versoix (Ain-Vaud-Genève), de l’Aubonne (Vaud), de la Dranse de Bagnes (Valais) et du Foron de Sciez (Haute Savoie). Les données détaillées et les rapports complets de leurs travaux seront publiés prochainement.
Jean-Michel Jaquet, spécialiste des sciences de la terre à l’Université de Genève, en tire déjà cependant quelques grands enseignements, le premier étant qu’au cours des dernières décennies les collectivités tant suisses que françaises ont fait de gros efforts pour maîtriser la pollution en général et améliorer l’état des lacs et, de manière plus mitigée, celui des rivières.
Cela dit, il faut bien convenir que des progrès importants restent à faire si l’on veut gérer la ressource eau et les écosystèmes aquatiques de la région lémanique d’une manière conforme aux principes du développement durable. Jean-Michel Jaquet note entre autres que le prix de l’eau facturé aux consommateurs ne couvre pas les coûts de production, de distribution et d’assainissement.
Le Léman, cette sorte d’assurance-développement, auquel on recourt de plus en plus, « devra être en pleine forme pour résister aux pressions » de plus en plus fortes de l’évolution sociale, économique et démographique de la région. Sans parler des changements climatiques « qui pourraient amener des modifications quantitatives et qualitatives importantes du cycle de l’eau du lac ».
En conclusion, l’étude LEMANO se présente selon ses auteurs comme un premier essai réussi d’une méthode d’évaluation simple et souple, intégrant diverses disciplines, proposant une image concrète et synthétique de la durabilité, ainsi qu’une bonne applicabilité. D’où l’importance de mettre sans tarder cet outil de diagnostic à la disposition des collectivités. (bw)