Jeffrey Sachs, par ailleurs directeur de l’Institut de la Terre de l’Université de Columbia à New York, explique que les populations nomades et pastorales du nord du Darfour, en manque d’eau, ont été contraintes de se déplacer vers le sud. Elles y ont trouvé des populations sédentaires qu’elles ont tenté d’éliminer pour s’approprier leurs ressources en eau. C’est peut-être une explication simpliste, dit-il, mais elle n’est pas fausse.
Il raconte aussi avoir été invité un jour à l’ONU pour une réunion urgente sur les problèmes d’eau au Darfour, mais en fait il s’agissait seulement de savoir comment on allait pouvoir ravitailler les 26’000 casques bleus que l’on s’apprêtait à envoyer sur place. Il dit avoir eu beau insister sur le fait que sept millions de personnes étaient concernées par ce problème, rien il n’a pas été écouté.
En juillet 2008, dans l’hebdomadaire Newsweek, Jeffrey Sachs avait déjà attiré l’attention sur l’émergence de nouvelles crises dues, comme au Darfour, à la pénurie croissante d’eau dans les régions semi-arides. Les migrations de populations déclenchent des tensions. Ces conflits ne sont pas forcément inévitables mais ils sont souvent exacerbés par l’attitude démagogique de certains politiciens et alimentés par le désespoir. « Ceux qui observent la situation du dehors, dit-il, ont tendance à expliquer la violence par des arguments religieux, culturels et politiques. Mais ils en négligent les causes sous-jacentes : l’eau, la nourriture et le travail. » (Sources : agences, Newsweek)