Les instances fédérales (environnement, géologie, coopération) qui ont animé l’Année internationale de l’eau semblent pressées de boucler leurs comptes. Jeudi 13 novembre, elles ont présenté leur bilan, non sans quelque (auto)satisfaction : il ne fait aucun doute pour elles que cette année 2003 a eu un écho positif auprès de la population suisse.
Des preuves ? D’une part, près d’une centaine de villes et communes ont organisé des projets et des manifestations ayant trait à diverses thématiques de l’eau ; d’autre part, un sondage indique que trois Suisses sur quatre ont entendu parler de l’Année de l’eau.
"Petit geste, grande différence"
Selon les conclusions de cette analyse, "les Suisses ont surtout retenu que l’eau douce était une ressource rare et qu’il était nécessaire de l’utiliser avec précaution et modération. Les personnes interrogées souhaitent que l’accent soit désormais mis davantage sur la lutte contre la pollution des eaux."
A en croire Willy Geiger, sous-directeur de l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage, une grande partie de la population aurait donc pris conscience de l’importance de l’eau et "va modifier légèrement son comportement : prendre des douches au lieu de bains pour économiser l’eau, par exemple. Ce n’est qu’un petit geste, mais s’il est réalisé par de nombreuses personnes, il peut faire une grande différence."
Par contre, le sondage révèle tout de même qu’une petite minorité de Suisses (21%) se disent préoccupés par l’absence de répartition équitable des ressources en eau de par le monde : elles disent cependant soutenir activement des projets liés à l’accès à l’eau dans des pays en développement.
De la nécessité de voir (beaucoup) plus loin
Les trois Offices fédéraux directement concernés par la gestion des ressources en eau ont profité de leur conférence de presse commune pour regarder bien au-delà des bilans plutôt anecdotiques de l’Année internationale et annoncer les grands thèmes qui constitueront l’ossature de la politique suisse de l’eau dans les décennies à venir.
L’Office fédéral de l’environnement insiste avant tout sur la protection des écosystèmes, essentiels au bon fonctionnement du cycle naturel de l’eau. C’est une conviction que la délégation suisse avait fortement défendue lors du Forum mondial de l’eau, en mars 2003 à Kyoto.
En clair, "l’approvisionnement en eau ne peut être garanti que si la protection et l’exploitation durable des écosystèmes - forêts, zones humides et sols, qui captent, filtrent, stockent et redistribuent l’eau - sont considérées comme prioritaires."
Du côté de l’Office fédéral des eaux et de la géologie, on ne reste pas indifférent aux canicules, inondations, glissements de terrain et autres symptômes récents des changements climatiques : "plus que jamais, une stratégie à long terme est de rigueur".
Au cours des années à venir, il faudra donc lutter simultanément sur plusieurs fronts : observer de près l’évolution des eaux de surface et des nappes souterraines, trouver des solutions efficaces en matière d’aménagement des cours d’eau, poursuivre la mise à jour des cartes de danger, s’investir davantage dans la promotion de la force hydraulique comme source d’électricité indigène et renouvelable.
Quant à la Direction du développement et de la coopération, elle soutient sans réserve la mise en œuvre d’une véritable "gestion intégrée des ressources en eau", telle qu’elle est définie au niveau international.
Sur le terrain, cela devrait se traduire par un engagement accru pour que les populations les plus défavorisées de la planète aient accès à l’eau, pour que soient développées et appliquées des technologies novatrices, économiques et respectueuses de l’environnement, ou encore pour que soient renforcées les associations d’usagers de l’eau. Les futures stratégies de la DDC dans le domaine de l’eau devraient être annoncées dans le détail au début de l’an prochain.