"Pour une justice sociale de l’eau : garantir l’accès à l’eau aux agricultures familiales du Sud" : sous ce titre, le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD-Terre solidaire) publie une étude menée sous les auspices de la Coordination Sud, une entité qui regroupe une bonne centaine d’ONG françaises de solidarité internationale. Ce document s’appuie sur une riche recherche bibliographique et sur six études de cas réalisées aux Philippines, au Cambodge, au Mali, en Éthiopie, en Équateur et en Colombie.
Premier constat : "l’eau est un bien essentiel dont les paysanneries du Sud dépendent fortement pour leur subsistance et, plus généralement, pour la production de denrées alimentaires. Or la concurrence pour l’eau ne cesse de s’aiguiser du fait de la croissance démographique, de l’industrialisation, de l’urbanisation, et de modes de consommation alimentaire de plus en plus gourmands en eau. L’eau agricole est de plus en plus accaparée par d’autres acteurs économiques au mépris des droits historiques des agricultures familiales, souvent politiquement plus faibles et moins organisées."
Pour les auteurs de cette étude, il faut dénoncer certaines idées préconçues qui laissent penser que les paysans gèrent mal leurs ressources en eau. Il est également erroné de croire que la question de l’eau pour l’agriculture puisse être traitée par la seule amélioration de l’efficience de l’eau (produire plus avec la même quantité d’eau, voire moins d’eau) : l’eau est un bien commun, qui concerne l’ensemble des acteurs d’un territoire et ses citoyens.
"L’eau agricole doit être réfléchie en tenant compte du fait qu’elle constitue pour les paysans une garantie essentielle pour la sécurité alimentaire : la leur bien sûr, mais aussi celle des villes, et un élément essentiel d’adaptation au changement climatique. La « justice sociale de l’eau » et l’accès garanti à l’eau pour les paysanneries ne sont donc pas des revendications illégitimes, mais des droits légitimes. Le droit à une alimentation suffisante, issu du droit international, exige un accès durable à la ressource en eau."
Le rapport de la Coordination Sud met en avant trois stratégies fondamentales pour garantir l’accès à l’eau aux agricultures familiales :
– investir intelligemment dans l’eau agricole pour les agricultures familiales en diffusant des techniques simples de collecte, de stockage et de distribution de l’eau, et en promouvant des infrastructures adaptées ;
– protéger les droits d’accès et d’usage à l’eau pour la production agricole est nécessaire pour faire face à la montée des appropriations à grande échelle de terres et des ressources en eau ;
– favoriser la gestion concertée et démocratique de l’eau : cela suppose la mise en place d’instances de dialogue à même de garantir une répartition équitable de l’eau entre les usagers, les secteurs d’activité, les villes et les campagnes.
– L’étude "Pour une justice sociale de l’eau : garantir l’accès à l’eau aux agricultures familiales du Sud" est disponible sur le site du CCFD-Terre solidaire
(*) Le CCFD-Terre Solidaire est, aujourd’hui, la première ONG française de développement et regroupe une trentaine de mouvements et services de l’Église catholique.
La Coordination SUD (Solidarité - Urgence -Développement) compte actuellement plus de 130 ONG menant des actions humanitaires d’urgence et d’aide au développement.
– Lire aussi l’édito aqueduc.info de septembre 2012 : L’eau, nouvelle denrée coloniale