L’agence onusienne appelle les belligérants à mettre fin sans tarder à ce genre de pratiques ; à cesser toutes attaques contre les installations, les systèmes de traitement, les canalisations et les infrastructures ; à assurer la sécurité des ingénieurs et autres employés qui réparent les installations ; et à éviter d’attaquer les civils se trouvant près de canalisations et autres points de collecte d’eau.
"L’eau potable, explique Peter Salama, le directeur régional de l’UNICEF pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, est à la fois un besoin fondamental et un droit fondamental en Syrie comme ailleurs. Couper aux civils l’accès à l’eau est une violation flagrante des lois de la guerre et cela doit cesser".
Marianne Gasser, cheffe de la délégation du CICR en Syrie, pose le même constat : "l’eau devient trop souvent un outil aux mains des parties au conflit, elle devient une arme de guerre et ce sont les civils qui souffrent le plus. L’accès à l’eau devrait être inconditionnel."
La ville d’Alep et ses quelque deux millions d’habitants sont particulièrement touchés par les pénuries d’eau : les combats ont paralysé sa principale station de pompage pendant des mois et dans certaines communautés les robinets sont restés à sec pendant de nombreux jours d’affilée. La situation est à peu près identique à Damas, où la coupure de l’approvisionnement en eau a été utilisée comme tactique pour faire pression sur la partie adverse installée de l’autre côté de la ligne de front.
Les cinq années de conflit ont dans tout le pays gravement endommagé les infrastructures d’alimentation en eau et près de la moitié de la capacité totale de la production a été perdue ou endommagée. À quoi s’ajoute le fait que les prix de l’eau ne cessent d’augmenter pour atteindre ici et là des montants vertigineux et que les services municipaux sont souvent dans l’incapacité de procéder eux-mêmes aux réparations nécessaires.
L’UNICEF rappelle aussi que les pénuries d’eau entraînent d’autres conséquences : des familles n’ont parfois pas d’autre choix que de s’approvisionner en eau dans des sources souterraines non protégées et leurs enfants sont d’autant exposés à des maladies comme la diarrhée, la fièvre typhoïde ou l’hépatite et à d’autres maladies.
De plus, ce sont les enfants qui très souvent sont chargés de collecter l’eau à des points de distribution, qu’ils ne bénéficient pas pour cela d’une protection efficace et qu’ils le font donc parfois au risque de leur vie. Une situation jugée absolument intolérable par les organisations humanitaires qui demandent donc à toutes les parties impliquées dans le conflit de prendre des mesures urgentes pour éviter de nouvelles souffrances aux populations civiles et plus particulièrement aux personnes les plus vulnérables. (Informations UNICEF et CICR)