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28 mars 2008.

L’ONU aura son expert sur le droit d’accès à l’eau potable

Lors de sa session de printemps, le Conseil des droits de (...)

Lors de sa session de printemps, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a notamment décidé de nommer pour trois ans un expert indépendant sur l’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Il sera chargé d’examiner la question des obligations liées dans ce domaine au respect des droits de la personne. Il devra notamment recenser et promouvoir les meilleures pratiques en la matière. Mais le texte de la résolution adoptée sans vote par le Conseil ne fait aucun pas vers une éventuelle reconnaissance du droit à l’eau comme droit humain fondamental, ce que réclament notamment nombre d’organisations non gouvernementales.

Le Conseil n’a donc pas suivi le Haut-Commissaire aux droits de l’homme qui, dans un rapport rédigé l’an dernier, estimait que le moment était venu de considérer l’accès à l’eau potable et à l’assainissement comme un droit humain à part entière. Il n’a donc pas non plus repris à son compte l’idée émise ici et là de créer un poste de rapporteur spécial sur le droit à l’eau. Il a préféré confier un mandat à un expert qui aura entre autres tâches d’instaurer un dialogue avec les gouvernements, les organismes compétents de l’ONU, le secteur privé, les autorités locales, les institutions nationales de défense des droits de l’homme, les organisations de la société civile et les universités.

Les organisations réunies dans la Coordination suisse « L’eau comme bien public » ne cachent pas leur déception et, dans un communiqué diffusé à l’issue de la session, se disent très préoccupées des conséquences sociales de la résolution : « Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU n’a pas été en mesure d’émettre un propre signal clair en faveur du droit humain que constitue l’accès à l’eau dans sa résolution. Le Conseil essuie donc un échec sur la voie de l’obtention des objectifs du Millénaire pour le développement. »

Bruno Riesen, représentant d’Amnesty International, voit le seul point réjouissant de ces développements dans le rôle actif et l’attitude positive de la Suisse pendant les négociations : « Nous espérons, dit-il, que la Suisse, après la retenue dont elle a fait preuve ces dernières années, continuera de s’engager activement pour consacrer l’accès au précieux liquide comme droit humain ».

L’ONG américaine ‘Food and Water Watch’ deplore elle aussi que ce Conseil ait ainsi gâché une nouvelle et sérieuse occasion de reconnaître le droit à l’eau. Et que son attitude, sous la pression des gouvernements des États-Unis et du Canada, ne sert une nouvelle fois qu’à défendre le droit des sociétés d’approvisionnement et de distribution à faire commerce de l’eau.

Sources

 Conseil des droits de l’homme des Nations Unies
 Communiqué de la Coordination suisse « L’eau comme bien public »
 Communiqué de ‘Food and Water Watch’




Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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