Selon les autorités éthiopiennes, la production électrique de Gibe III devrait notamment compenser la baisse de production d’autres barrages touchés par des sécheresses récurrentes. Sa construction, commencée il y a une dizaine d’années, aura coûté 1,5 milliard d’euros, financés à 40% par l’État et le reste par un prêt d’une banque chinoise.
L’hydroélectricité est de loin la plus importante ressource énergétique de l’Éthiopie qui mise donc essentiellement sur ce potentiel pour son développement économique et qui s’est fixé comme objectif non seulement d’assurer de manière indépendante son approvisionnement en électricité mais aussi d’exporter du courant vers les pays voisins, notamment vers le Kenya.
Pour cela, le gouvernement éthiopien compte d’ailleurs beaucoup sur l’exploitation des eaux du Nil et en particulier sur le projet de grand barrage de la Renaissance actuellement en construction et qui, avec capacité annoncée de 6000 mégawatts, sera alors le plus grand barrage hydroélectrique du continent africain. Non sans contestations là aussi.
Car ces constructions ne vont pas sans problèmes. D’abord - s’agissant de Gibe III - parce que la partie méridionale de la vallée de l’Omo et le Turkana, le plus grand lac du monde en milieu désertique, figurent tous les deux dans la liste des sites protégés du patrimoine mondial de l’Humanité. En son temps, voulant prévenir une possible catastrophe écologique et un assèchement comparable à ceux de la Mer d’Aral ou du Lac Tchad, l’Unesco avait sans succès appelé l’Ethiopie à mettre fin à tous les travaux de construction du barrage de Gibe III.
Plus grave encore : plusieurs ONG, telles Human Rights Watch et Survival International qui se consacre à la défense des droits des peuples autochtones, avaient tenté d’attirer l’attention des opinions publiques sur le déplacement de nombreuses populations riveraines de l’Omo : avec la construction du barrage, plusieurs dizaines de milliers de personnes risquent de se voir privées de l’eau nécessaire à leur production agricole et pastorale, et donc à leur survie. L’Éthiopie a rejeté ces accusations, assurant que les populations en aval du barrage bénéficieront d’un débit régulier durant toute l’année et pourront normalement poursuivre leurs pratiques agricoles traditionnelles. (Sources : agences de presse)
– Voir sur OpenStreetMap la région de l’Omo méridional et du Lac Turkana