On connaissait déjà les scénarios du Groupe international d’experts sur le climat qui tablent sur une augmentation de température allant de 1,4 à 5,8° degrés centigrades entre 1990 et 2100 pour l’ensemble du globe. Les quelque 300 auteurs de l’Étude internationale sur l’impact des changements climatiques dans l’Arctique (Arctic Climate Impact Assessment, ACIA) qui vient d’être publiée au terme de quatre ans de recherches tirent à leur tour la sonnette d’alarme. Et comme il faudra plusieurs décennies voire des siècles pour inverser la tendance actuelle, certains dommages sont d’ores et déjà prévisibles et, hélas, quasi inévitables.
Selon cette étude, le climat se radoucit au pôle Nord à un rythme presque deux fois plus rapide que dans le reste du monde. En un siècle, les températures de l’Arctique pourraient en effet gagner 4 à 7° C. La glace du pôle Nord pourrait ainsi presque entièrement disparaître en période estivale d’ici 2100. À ce rythme, la calotte glaciaire du Groenland devrait complètement disparaître d’ici un millier d’années, ce qui entraînerait une hausse du niveau global des océans de sept mètres.
Les experts estiment que ce processus de réchauffement ne peut que s’accélérer, ce qui aurait des conséquences graves non seulement pour les ours polaires, les phoques, les caribous et les troupeaux de rennes, mais aussi pour des populations qui comme les Esquimaux ont une alimentation basée sur ces animaux. Certaines espèces menacées d’oiseaux migrateurs devraient également perdre plus de la moitié de leur zone de reproduction.
Les gaz à effet de serre, en fragilisant la couche d’ozone, risquent également d’augmenter le niveau de rayons ultraviolets dans la région. Les jeunes vivant aujourd’hui en Arctique recevront au cours de leur vie une dose d’UV supérieure d’environ 30% à celle que recevaient les générations précédentes, autrement dit des risques de cancers accrus. De quoi perturber également les écosystèmes, le processus photosynthétique des plantes et le développement des jeunes poissons et amphibiens.
Quelques conséquences positives sont évoquées : certaines pêcheries arctiques pourraient par exemple gagner en productivité. La diminution des surfaces marines prises par les glaces permettra à terme d’ouvrir un transit nord pour le trafic maritime entre le Pacifique et l’Atlantique, plus rapide que le passage par le canal de Suez. De quoi réjouir les producteurs de pétrole car la zone arctique recèlerait un quart des ressources planétaires d’hydrocarbures.
Source : Arctic Climate Impact Assessment, ACIA (en anglais)